« Le monde est contaminé. La firme Alicabure s’est retranchée dans les souterrains. Ses scientifiques collectent des données sur les vivant·es et les mort·es. À la surface, la production autonome de nourriture est interdite. »
Ainsi commence le cinquième film des scotcheuses, collectif de cinéma (mais pas que…) qui pose à nouveau ses caméras super 8 sur un territoire en lutte, en l’occurrence Bure, dans l’Est de la France, où l’État entend construire un site d’enfouissement des déchets nucléaires.
Explorant le genre du film d’anticipation et la thématique de la catastrophe, les nouvelles aventures meusienne des scotcheuses se tissent avec celles des habitant·es et militant·es qui résistent – de toutes les manières – à ce projet pharaonique. Une forêt occupée devient un élément narratif et un décor de cinéma, et le hangar agricole d’un des opposants historiques au projet de poubelle nucléaire se transforme en véritable studio, à la sauce « Burelywood ».
Si le collectif a changé plusieurs fois de physionomie depuis ses débuts (2013) et même au cours des quatre ans de la fabrication d’Après les nuages, on retrouve une « patte « scotcheuses, faite de bric, de broc et de burlesque, sans éluder des sujets plus graves, pour tenter de nourrir autrement les imaginaires des luttes et de l’autonomie.
absences, ∅ , 2018, FR, super8 > 16mm, , 5′
Comment faire des films après la catastrophe, quand on n’aura plus accès à l’énergie bon marché qui fait tourner les caméras et les usines de caméras ou de pellicule ? Pour essayer de répondre à cette question, un petit groupe de scotcheuses tente de fabriquer même de la pellicule, et ainsi de s’autonomiser de Kodak & cie. Les résultats de leurs tests ne permettent pas d’envisager d’utiliser leur recette pour le tournage d’Après les nuages, mais deux scotcheuses s’emparent des images ainsi produites pour bricoler ce ciné-tract expérimental.
Projections en présence du collectif