Caen (Calvados) : deux bornes de recharge électrique sabotées
Publié à l’origine sur sansnom (17/05/23)
Les voitures électriques sont un élément central de la restructuration en cours de l’économie capitaliste. Leur diffusion sur le marché fait partie intégrante d’une offensive bien plus vaste menée par le camp néo-libéral, ses politiques, ses lobbyistes, ses médias, ses publicitaires, qui veulent nous faire croire que la transition vers des énergies dites décarbonées est la solution à la crise écologique. Le tout-électrique est en marche, pour le plus grand bonheur des industries nucléaires, éoliennes et autres. Au prétexte que celles-ci seraient vertes, la question de la production, de l’exploitation et de la croissance est balayée. Le système peut continuer de prospérer, détruisant au passage tout ce qu’il touche.
Non, le nucléaire n’est pas une énergie propre. De l’extraction des minerais nécessaires à son fonctionnement, en passant par la pollution de l’eau, jusqu’à la production d’une quantité monstrueuse de déchets, et sans parler du risque majeur de catastrophe, le nucléaire pue la mort. Les éoliennes industrielles et les parcs photovoltaïques ne sont pas en reste puisque l’implantation de ces infrastructures participe aussi à la destruction du vivant et à la perpétuation d’un système qui a besoin d’énergie pour tourner.
Les voitures électriques constituent un débouché économique majeur pour l’industrie électrique, et une aubaine pour la relance des industries automobiles et minières, qui comptent parmi les plus polluantes au monde. Par exemple, les batteries des voitures électriques sont fabriquées avec du lithium, un minerai qualifié de « nouvel or blanc » par les capitalistes, et dont l’extraction explose depuis quelques années. Le gouvernement français et la société Imerys prévoient d’ailleurs d’ouvrir la plus grande mine de lithium d’Europe en 2028, dans l’Allier, pour produire 700 000 batteries de voitures électriques par an.
Le fonctionnement normal de la flotte de véhicules électriques repose sur un réseau de bornes de recharge, que l’État et les entreprises privées implantent intensivement sur le territoire. Le ministre des transports Clément Beaune a annoncé l’objectif : 400 000 bornes de recharge en France d’ici 2030.
En attendant, dans la nuit du 17 mai, deux bornes de recharge électrique MobiSDEC ont été sabotées avec de la mousse expansive. La première près du nouveau tribunal judiciaire, la seconde à côté de l’Ecole Supérieure d’Arts et Médias (ESAM), sur la Presqu’île de Caen.
Le quartier de la Presqu’île n’a pas été choisi au hasard. Depuis plusieurs années, les responsables politiques locaux y organisent une gentrification intensive. Les entrepôts, les anciens immeubles et les squats y sont peu à peu rasés, puis remplacés par des bâtiments neufs et des constructions modernes visant à rendre le quartier attractif pour les investisseurs et les riches (résidence de luxe Le Norway, espace collaboratif d’innovation Le Dôme, nouvelle ligne de Tramway, ESAM, bibliothèque municipale, tribunal, salle de concert Le Cargö…). Le prix du mètre carré atteint à certains endroits de la Presqu’île des tarifs parisiens. Parmi toutes les infrastructures mises à disposition de cette nouvelle population, les bornes de recharge électrique sont essentielles, afin que les jeunes cadres dynamiques et les retraité-es privilégié-es qui viennent de s’installer là puissent recharger tranquilles leur Tesla ou leur SUV électrique. Pas de bol, ça ne sera pas possible ce matin, les deux bornes de recharge de la Presqu’île étant HS, et pour une fois, ce ne sont pas les travailleur-euses du sexe ou les squatteur-euses exilé-es habitant le quartier qui seront emmerdé-es, elles que la police et la mairie cherchent à pousser toujours plus loin du centre-ville et à exclure de la Presqu’île.
Alors débranchons les quartiers branchés.
Parce que mettre fin au capitalisme passe par l’attaque contre les infrastructures stratégiques du système : partout, résistance & sabotage !
20/05/2023
Caen
sabotage
voitures électriques