L’Ancienne Gare de Luméville se trouve sur le tracé ferroviaire qu’emprunteraient les convois de déchets nucléaires pour Cigéo. Elle pourrait être menacée d’expropriation si le projet de poubelle atomique est reconnu d’utilité publique, probablement à partir de 2022. Combien de trains CASTOR passeront par chez nous et pour combien de temps ? Qu’est-ce que la ligne 027000 ? Et c’est quoi l’ITE ? … Voici des réponses aux enjeux du potentiel transport ferroviaire de déchets nucléaires vers Bure. Ces éléments sont en grande majorité tirés du manuel sur le transport des déchets nucléaires du collectif Tchou tchou.

Les transports nucléaires vers Cigéo

Dans le cas de Cigéo, l’Andra a prévu que la majorité des déchets radioactifs serait transportée en train depuis leurs sites d’entreposage actuels, situés principalement à la Hague (Haute-Normandie), à Marcoule (Gard) et au Bugey (Ain). Il s’agit en premier lieu des déchets HA-MAVL (haute activité à moyenne activité à vie longue), radioactifs pour des centaines de milliers voire des millions d’années.

Au plus fort de l’activité de Cigéo, l’Andra table ainsi sur le passage d’environ 60 trains CASTOR par an soit 5 par mois ou 1 à 2 par semaine, auquel il faudrait ajouter 110 camions qui transporteraient les déchets radioactifs issus de la fabrication des bombes atomiques, depuis l’usine du CEA située à Valduc (Côte d’Or).

Les transports liés aux travaux

Dans le cadre de ce projet exploité pendant au moins 130 ans, les transports ne se limiteraient pas aux seuls déchets radioactifs acheminés par voie ferrée ou par la route. Les personnels, la terre excavée, le matériel et les matériaux nécessaires à la construction des infrastructures de Cigéo puis à son fonctionnement, impliqueraient dès le départ des transports incessants (voitures, camions, engins de chantier, convois exceptionnels, etc.). Au plus fort de la phase de construction, l’Andra prévoit le passage de 210 camions par jour ce qui entraînerait usure prématurée des routes, nuages de poussière, pollution de l’air et fortes nuisances sonores.

Plus d’un siècle de lourds travaux à prévoir

L’acheminement de ces déchets se faisant principalement par train, deux chantiers majeurs auraient lieu pour raccorder Cigéo au réseau ferré national. Bien que l’ensemble du territoire soit concerné, ces communes seraient très impactées
par le passage des convois ferroviaires et routiers aux abords de Cigéo :
Nançois-sur-Ornain > Velaines > Ligny-en-Barrois > Givrauval > Longeaux > Menaucourt > Nantois > Naix-aux-Forges > Saint-Amand-sur-Ornain > Tréveray > Laneuville > Saint-Joire > Demange-aux-Eaux > Baudignecourt > Houdelaincourt > Abainville > Gondrecourt-le-Château > Horville-en-Ornois > Luméville-en-Ornois > Chassey-Beaupré > Cirfontaines-en-Ornois > Guillaumé > Saudron

Rénovation de la ligne 027000

Des travaux devraient avoir lieu, dès la fin 2020, afin de raccorder Cigéo au réseau national via la gare de Nançois-Tronville, située sur la ligne Paris-Strasbourg. SNCF Réseau doit réaliser la rénovation de la portion de la ligne ferroviaire de Nançois-Tronville jusqu’à Gondrecourt-le-Château (fermée depuis des décennies), soit 36 kilomètres de voies comportant actuellement 59 passages à niveau.

De nombreuses habitations se situent le long de ce segment de la ligne 027000. Les riverains subiraient donc d’importantes nuisances avec la réhabilitation de ce tronçon de ligne. Les convois nucléaires passeraient au ras de fenêtres et des jardins pour nombre de maisons.

La ligne appartenant déjà à la SNCF, l’Andra a prévu de lancer le chantier sans aucune autorisation préalable : un moyen de mettre la population devant le fait accompli ?

Création d’une nouvelle voie (ITE)

Pour relier Gondrecourt-le-Château au centre de stockage lui-même à Saudron, serait créée l’Installation terminale embranchée (ITE). Cette voie ferrée de 14 kilomètres permettrait d’acheminer directement sur le site Cigéo les matériaux de construction nécessaires aux travaux, puis les colis de déchets nucléaires en période d’exploitation. L’Ancienne Gare de Luméville se trouve sur le tracé du potentiel ITE et une procédure d’expropriation pourrait avoir lieu, si Cigéo est un jour reconnu d’utilité publique.

La voie traverse Gondrecourt puis bifurque a l’ouest pour se diriger vers la zone descenderie du projet CIGEO

Cette image montre le tronçon de voie qui sera construit à travers champs (violet), de l’ancienne voie jusqu’a la future gare du projet CIGEO (jaune)

Renforcement des routes et déviation d’agglomération

Le trafic routier du territoire serait largement intensifié, tant pour les besoins du chantier colossal de construction en prévision que pour l’acheminement des multiples colis de déchets vers Cigéo. Une bonne partie du réseau routier serait profondément modifié, voire dévié pour certaines agglomérations.