Les entreprises minières s’apprêtent à produire, dans les vingt années à venir, autant de métaux qu’on en a extraits au cours de toute l’histoire de l’humanité. Est-ce bien raisonnable ? Ce livre se penche sur l’un des grands paradoxes de notre temps : au nom de la limitation du réchauffement climatique, les classes dirigeantes ont programmé une amplification sans précédent de l’activité minière qui doit fournir, entre autres, les matières premières des technologies bas carbone.
Mais que signifie concrètement « extraire des métaux » au XXIe siècle ? Ruée sur le cuivre en Andalousie, extraction de cobalt au Maroc, guerre des ressources en Ukraine, cette enquête qui arpente les sites miniers du monde entier révèle l’impasse de cette « transition » extractiviste. Loin des discours de la « mine responsable », on y découvre un état d’exception où l’intoxication et l’accaparement de l’eau sont la norme, un nouveau stade de radicalisation des pratiques extractives qui condamnent des régions entières et bouleversent les équilibres terrestres.
En analysant la nouvelle géopolitique minière, Celia Izoard met au jour un autre enjeu : celui de répondre aux besoins en métaux exponentiels du numérique, de l’aérospatiale ou de l’armement, dans un monde où les industries occidentales rivalisent avec les superpuissances des ressources que sont devenues la Chine et la Russie. Sous la bannière de la « Civilisation », du « Progrès », du « Développement », la mine a joué un rôle structurant dans l’expansion du capitalisme. Alors, comment sortir de ce régime minier auquel nos élites continuent de soumettre notre destin, aujourd’hui au nom de la « Transition » ?
L’AUTRICE
Celia Izoard est journaliste indépendante, spécialiste des nouvelles technologies au travers de leurs impacts sociaux et écologiques. Elle est l’autrice de Merci de changer de métier. Lettre aux humains qui robotisent le monde (Editions de la Dernière lettre, 2020) et co-autrice de La machine est ton seigneur et ton maître (Agone, 2015). Elle a retraduit également 1984 de George Orwell (Agone, 2021).