Un mauvais jeu de chaises musicales
Macron, à la tête de l’Etat claironne le renouvellement plein pot du parc électro-nucléaire (3) ? Il n’y a plus qu’à faire, sans débat sociétal de fond, sans projection sur un avenir énergétique différent, sans écouter aucune mise en garde sur les difficultés techniques et financières.
Macron impose la fusion des deux entités chargées d’assurer la surveillance et la sûreté des activités nucléaires ? L’éxécutif dispose, alors que ce projet a soulevé de multiples oppositions tant citoyennes que parlementaires et bien au-delà des clivages politiques habituels : pour rappel, il n’est passé à l’Assemblée qu’à une voix près (260 contre 259).
Macron propose de mettre à la tête de cette nouvelle entité le patron de l’Andra, lequel porte sans faillir et malgré nombre d’inconnues majeures le projet Cigéo à Bure ? Malgré le tollé que la manoeuvre pourrait bien soulever, cela passera-t-il comme une lettre à la poste ?
Ce « petit arrangement entre amis » n’est pas sans rappeler des copinages bien arrangeants : le précédent directeur de l’Andra en Meuse n’est-il pas devenu directeur régional adjoint de l’environnement, de l’aménagement et du logement de la DREAL Grand-Est ?
Le gouvernement s’obstine, aveugle à l’impasse industrielle et financière de la relance du nucléaire, qu’il impose de manière autoritaire, voire « totalitaire », alors que nombre de pays ont pris le virage des énergies renouvelables, de la sobriété, nécessaires à la sortie d’un capitalisme mortifère !
Et comme un parfum de conflit d’intérêt ?
Où est la neutralité attendue dans ce type de nomination et dans un contexte aussi explosif ? La tactique est grossière. Le projet Cigéo, dont la demande de création a été déposée par l’Andra début 2023, pourrait bien se voir avantagé. En effet, sans poubelle atomique souterraine pour 99,6% de la radioactivité produite, impossible de poursuivre sur la route de l’atome, et ce de l’aveu même de Bernard Doroszczuk, l’actuel président de l’ASN auditionné devant l’OPECST il y a dix jours (4).
Le mot « évacuation » géologique n’a jamais été aussi juste : cachez bien profond ces déchets qui fragilisent tout l’édifice, et au plus vite, au nom d’intérêts économiques immédiats. Les tares technologiques du projet pourraient bien être elles aussi expédiées aux oubliettes ?
On pourrait en rire si l’affaire n’était aussi grave : il en va de la garantie de la sûreté de dizaines de générations à venir (tant environnementale que financière). Et aussi de notre responsabilité collective, alors que nous sommes pris au piège d’un gouvernement en plein délire ?
La Coordination Stop Cigéo/BURE s’insurge contre ces méthodes de gouvernance d’un autre âge, indignes d’une véritable démocratie, et demande un sérieux regard parlementaire sur cette annonce. A défaut du débat citoyen qui s’impose…
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POUR INFO : la brochure « Poubelle atomique, piède toxique », en 2 parties, éditée fin 2023 aborde ces thématiques.
En partie 1 : « Projet toxique » (5) raconte par exemple un joli jeu de chaises musicales, page 86, lors de l’affaire « géothermie » sous Bure ».
En partie 2 : « Galerie de portraits » (6). Retrouvez quelques parcours d’élu.es, locaux ou nationaux. Ainsi, page 25, le coup de force de C. Bouillon, député, président du CA de l’Andra et… rapporteur de la loi 2015 (Cigeo).A feuilleter ci-dessous.