« Jeux olympiques : et si on faisait une course… au désarmement nucléaire ? »

Article provenant du site de reporterre.

79 ans après le bombardement d’Hiroshima, et à l’occasion des Jeux olympiques, des membres de la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires exhortent la France à se lancer dans la course au désarmement.

Les membres du Comité d’animation d’Ican France, relais de la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, prix Nobel de la paix 2017 : Patrice Bouveret (Observatoire des armements), Nelly Costecalde, Michel Dolot (Mouvement de la paix des Bouches-du-Rhône), Gérard Halie, Nathalie Gauchet, Léna Mentzinger, Jacques Véron-Bocquel (Ligue des droits de l’Homme) et Majid Wannass (Mouvement de la paix).


Pour paraphraser le baron Pierre de Coubertin, inventeur des Jeux olympiques modernes, « l’important pour la diplomatie française, c’est de participer ». Les organisations membres d’Ican France, relais de la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (prix Nobel de la paix 2017), invitent donc les Françaises et les Français à participer à la « course au désarmement nucléaire », mise en place pour la première fois durant les Jeux olympiques et paralympiques 2024, notamment lors des commémorations des bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août.

Ces organisations représenteront la France, malgré ses dirigeants politiques, aux côtés de l’écrasante majorité des États qui ont adopté le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian) — notre pays s’y refuse en effet depuis 2017 au motif qu’« interdire les armes nucléaires n’est pas la solution ».

Il était indispensable de créer cette course alors que notre monde vit sous la menace permanente d’armes nucléaires. En effet, depuis 1945, notre humanité a connu les crises de Berlin (1948), de Cuba (1962), des euromissiles (1977-1987), du conflit de Kargil (1999) et du Cachemire (2001-2002) entre l’Inde et le Pakistan (1999) et, depuis le 24 février 2022, celle de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine.

Des jeux de guerres sans gagnant ni perdant grâce à un participant inattendu : la chance. Tel le 26 septembre 1983, quand le lieutenant-colonel soviétique Stanislav Petrov n’a pas cru les systèmes d’alerte annonçant une fausse attaque nucléaire des États-Unis. Il a alors désobéi aux ordres en n’avertissant pas ses supérieurs, qui n’ont donc pas riposté. Son choix ne sera révélé au grand jour que bien plus tard, les Nations unies le désignant alors comme « l’homme qui a sauvé le monde de l’apocalypse nucléaire ».

Éviter l’impensable

Ce jeu de la menace permanente d’emploi d’armes nucléaires — appelé la « dissuasion nucléaire » — peut-il continuer ainsi sans déboucher sur une explosion volontaire ou accidentelle ? Nul ne le sait. Mais il y a une certitude, la chance ne sera pas toujours à nos côtés et, dans ce cas, c’est l’humanité tout entière qui perdra définitivement.

D’autant que le temps de la réduction des arsenaux a pris fin en 2022 : toutes les puissances nucléaires sont lancées depuis le début de cette décennie dans la modernisation et le renouvellement de leurs arsenaux nucléaires. Selon le Stockholm International Peace Research Institute, la Russie est en tête (avec 5 580 ogives), suivie par les États-Unis (5 044). La Chine (500) se tient sur la troisième marche du podium. La France se trouve en quatrième place avec 290 armes nucléaires, qui coûtent aux Françaises et Français la bagatelle de 10 654 euros par minute, selon notre rapport sur les dépenses nucléaires mondiales. Le Royaume-Uni (225) clôture cette première série. En queue de peloton, se situent respectivement l’Inde (172), le Pakistan (170), Israël (90) et la Corée du Nord (50).

Sans oublier tous ces supporters de la bombe, dirigeants politiques et chroniqueurs, qui se lâchent de toute part en menaçant ouvertement de son emploi sur des villes européennes, en France comme en Russie. Ou réclament l’« européanisation de la bombe », expression comprenant notamment le stockage d’armes nucléaires françaises dans des États de l’Union européenne. Pour rappel une centaine d’armes nucléaires suffirait à détruire l’espèce humaine !

Cette surenchère dangereuse pour la sécurité mondiale incite d’autres « joueurs », tels que la Corée du Nord et l’Iran, à se lancer dans la course pour battre des records. Le pire n’est jamais souhaitable, mais dans un monde où le dérèglement climatique s’accroît, et les crises (migratoire, sanitaire, sur les ressources) se multiplient, la prolifération nucléaire ne peut qu’aggraver les risques de guerre et précipiter l’impensable.

Esprit d’équipe, respect, inclusivité

L’écrasante majorité des États de la communauté internationale ne pratiquent pas ce jeu de la surenchère, et participent à la course au désarmement nucléaire pour y mettre un terme définitif. C’est pour cette raison qu’ils ont négocié, puis adopté le 7 juillet 2017, au sein des Nations unies, le premier instrument multilatéral de ce XXIe siècle, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Esprit d’équipe, respect, inclusivité sont des valeurs sportives que ces États ont su intégrer lors de ce processus.

Le 7 juillet, la France, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, a vu ses équipes parlementaires et son gouvernement renouvelés. Notre campagne Ican France a saisi cette opportunité des Jeux olympiques et paralympiques, et la commémoration du bombardement d’Hiroshima, pour engager la population à faire savoir aux nouvelles équipes politiques sa volonté de voir la France intégrer, enfin, la communauté du Tian. Dans un premier temps, lors de la troisième réunion du Tian (en mars 2025 au siège des Nations unies), elle pourrait être un État observateur, puis se lancer dans la course en désarmant son arsenal nucléaire.

Pour participer à cette grande « course au désarmement nucléaire », nous vous invitons toutes et tous à partager sur les réseaux sociaux, depuis votre fauteuil préféré, le logo olympique, symbole de l’union des cinq continents, avec des anneaux qui mettent à l’honneur le Traité, accompagné de cette phrase : « La France promeut les valeurs sportives comme le respect, l’écoute, la légalité, lors de ses Jeux olympiques. Elle doit adopter cette attitude dans le cadre du Traité d’interdiction des armes nucléaires en devenant a minima un État observateur. »

06/08/2024

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