Traduction reçue sur la situation à Hiroshima
Je m’appelle Bun Hashizume. À l’âge de 14 ans, j’ai été exposée à la bombe atomique à 1,6 km de l’hypocentre, et tout mon corps a été transpercé par des éclats de verre. Cependant, une jeune femme nommée Tomoyanagi m’a désespérément sauvé la vie. Mais elle est morte de la maladie de la bombe atomique un an plus tard.
Les cicatrices physiques et mentales du bombardement atomique étaient si importantes qu’un demi-siècle plus tard, j’ai finalement commencé à faire des voyages antinucléaires et pacifistes à l’étranger, seule, pour lancer un appel à l’action antinucléaire. Je me rendais souvent en France. Il y a quelques années, lors d’un voyage en Europe du Nord, j’ai fait une chute à Oslo et je suis incapable de marcher depuis lors.
Je crains que la situation mondiale n’ait empiré dans le mauvais sens ces dernières années. Malgré tout, tant que je serai en vie, je travaillerai dur avec vous tous contre le nucléaire.
Enfin, j’aimerais partager avec vous un poème que j’ai écrit sur la bombe atomique, intitulé < Le petit garçon >.
A partir d’ici, c’est la périphérie d’Hiroshima
Dans les champs de manœuvre couverts d’herbes
Il est 8h15
Un petit garçon, si tôt le matin,
Etait-il venu chercher des insectes?
Soudain
Un éclair a transpercé le petit garçon
Le transformant en colonne de feu
En un instant carbonisé, le petit garçon
S’est écroulé sur le sol brûlant, jambes écartées, bras en croix
Les yeux vide grands ouverts fixant le ciel
La bouche vide grande ouverte tendue en un cri muet vers le ciel
Appelait-il sa mère? Ses frères, ses sœurs ou ses amis?
Ou bien poussait-il un cri de douleur ?
Plus une seule dent
Plus un seul ongle blanc ne lui reste
Le corps calciné du petit garçon,
Le feu du ciel et de la terre continue de le brûler
Cette année, Hiroshima s’apprête à célébrer un 6 août inhabituel et bizarre.
Pendant les quatre heures précédant et suivant la cérémonie du mémorial de la paix, la ville d’Hiroshima restreint l’accès à l’enceinte du parc – qui devrait pourtant être librement accessible à tous – afin de « renforcer les mesures de sécurité » et interdit aux gens d’apporter des haut-parleurs, des instruments de musique, des pancartes, des banderoles et des bannières dans le parc, de porter des dossards, des ceintures avec des slogans, des casques, des bandeaux, etc., et même de crier bruyamment. La loi vise également à interdire l’utilisation de porte-voix. En d’autres termes, les autorités semblent vouloir mettre fin au mouvement pacifique et aux activités d’expression de divers groupes et individus qui se déroulent librement dans le parc le 6 août d’habitude. Des experts en droit administratif ont souligné que de telles restrictions n’ont non seulement aucune base juridique, mais qu’elles portent également atteinte à la liberté d’expression inscrite dans la Constitution.
La ville d’Hiroshima a reconnu qu’il n’y avait pas de base juridique pour ces restrictions, mais elle a quand même fermé le parc et mis en place un portail avec des détecteurs de métaux pour permettre à la cérémonie d’avoir lieu.
Le premier ministre Kishida, actuellement au pouvoir, est originaire de la ville d’Hiroshima. Ces dernières années, il a mis en œuvre une série de politiques qui sont en contradiction flagrante avec les objectifs de longue date de la ville, à savoir l’abolition des armes nucléaire et une paix mondiale durable. Lors du sommet du G7, qui s’est tenu à Hiroshima l’année dernière, le gouvernement japonais a annoncé la « Vision d’Hiroshima », qui défend la politique de dissuasion nucléaire, et a doublé le budget de la défense, sans tenir compte de la « renonciation à la guerre » et de la « non-préservation des forces armées » inscrites dans la Constitution, et fait pression pour le déploiement de missiles en vue de la possession d’une « capacité d’attaque des bases ennemies ». Comme vous le savez, le gouvernement Kishida n’est pas non plus intéressé par l’adhésion à la Convention d’interdiction des armes nucléaires. La ville d’Hiroshima va accueillir le premier ministre comme son principal invité d’honneur cette année encore et s’efforce d’organiser la cérémonie de commémoration de la paix de manière « sûre » et « solennelle ». En outre, Israël, qui poursuit ses massacres à Gaza, a été invité à la cérémonie de la paix, et des mesures spéciales de « sécurité » pourraient s’avérer de plus en plus nécessaires.
Les organisations du mouvement antinucléaire et du mouvement pour la paix à Hiroshima sont déconcertées par cette situation, mais avec les quelques survivants du bombardement atomique, elles cherchent une réponse et s’efforcent de maintenir le feu du mouvement allumé.
Masaé YUASA
Professeur de l’université municipale de Ville de Hiroshima
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