Repris de IAATA.info
C’est dans une course incessante au développement technologique, militaire et industriel que vient s’inscrire l’extractivisme. L’obtention des matières premières nécessaires à leur business de mort a un prix : quelques populations exploitées et intoxiquées par ci et quelques hectares de terre ravagées par là.
Ce monde avance à vive allure droit dans un mur, et même si nous commençons à nous en apercevoir, ça n’a pas l’air de déranger les puissant.e.s qui le dirigent.
Après tout, eux, ils s’en foutent et s’en remplissent les poches. Ils s’en foutent d’autant plus qu’ils sont assurés de s’en sortir avec l’aide de l’État, muni de ses lois dans une main, de ses moyens de contrôles ultra-perfectionnés et de sa force armée dans l’autre.
Du nucléaire à l’agriculture intensive, en passant par l’extraction minière, les industriels ravagent et transforment la planète en marchandises. Leurs coups de baguette sont loin d’être magiques, ressemblant plus à des coups de triques, puisqu’ils nous font atteindre des points de non-retour, qu’ils soient climatiques, sociaux, géologiques ou bien encore radioactifs.
C’est dans une course incessante au développement technologique, militaire et industriel que vient s’inscrire l’extractivisme. L’obtention des matières premières nécessaires à leur business de mort a un prix : quelques populations exploitées et intoxiquées par ci et quelques hectares de terre ravagées par là.
Ne parlons pas trop de la faune et de la flore, ils pourront toujours les déplacer dans des réserves, pour défoncer toujours plus les alentours.
Comme tous les autres, l’État français place ses pions en comptant bien rester en course.
En Ariège, dans le fond de la vallée de Salat, un projet se remet à l’ordre du jour : la réouverture de la mine de Salau, prisée pour sa teneur en tungstène, en or et en cuivre.
Fermée dans les années 80 à cause d’une compétitivité inégalable en Chine, la carte de cette mine est ressortie de derrière les fagots par Michel Bonnemaison [1]. Celui-ci y flaire un business juteux et s’empresse de le proposer à l’État français qui s’en frotte les mains.
En effet, pourquoi ne pas extraire du tungstène labellisé français, durable, local et « dans les plus hauts standards en matière d’environnement », pour assurer le développement du nucléaire, de l’armement et des nouvelles technologies d’aujourd’hui et de demain ?
Les conséquences pour l’environnement liées à l’exploitation de cette mine ne sont pas des moindres, notamment les matières toxiques présentes dans les résidus miniers qui empoisonnent toute la vallée. La roche de la mine présente une multitude de composants dangereux, dont de l’actinolite, un type d’amiante particulièrement nocif. De nombreux mineurs travaillant dans cette mine lors de son exploitation passée en ont d’ailleurs payé les frais : ils en sont morts ou tombés malades.
Semblant jouer aux douze travaux d’Astérix, l’État et les entreprises minières se renvoient la balle d’étage en étage le temps de trouver le bon projet avec le bon investisseur au bon bureau avec la bonne évaluation sanitaire à la bonne norme.
Il y a tellement d’intérêts économiques et stratégiques derrière ce marathon morbide que l’on peine à croire que ce projet ne voie pas le jour, bien qu’il semble être à l’arrêt aujourd’hui.
En Guyane, terre colonisée par la France, un projet de gigantesque mine d’or à ciel ouvert est en cours. Cette mine, dite de la « Montagne d’or », pourvue d’une bonne dose de cynisme et de cyanure, représente un saut d’échelle dans l’exploitation aurifère. Une exploitation qui ravage déjà l’intérieur de la Guyane où habitent des populations amérindiennes et bushinengue (littéralement « homme de la forêt », désignant les populations s’étant libérées de l’esclavage en se révoltant), sans compter toutes les espèces animales et végétales qui en font également les frais. Pendant que certain.e.s vont se mettre des pépites sous la dent, d’autres continuent à crever au nom du « progrès » et de la « chance de développement économique » qui accompagnent le capitalisme.
S’en prendre à une mine, ce n’est pas seulement celle-ci à cet endroit précis, mais c’est s’attaquer à tout ce qui englobe cette société qui a besoin d’exploiter des matières premières à une échelle industrielle pour fonctionner : nucléaire, armée, nouvelles technologies, Cac 40 et cours de l’or, exploitation salariale, aérospatial, lignes à haute tension… Il s’agit d’un monde qui fonctionne à flux tendu, où la course à l’énergie est toujours plus nécessaire pour assurer les besoins d’un capitalisme mondialisé qui ne rechigne pas à broyer des vies et à défoncer la planète pour sa pérennité.
Toutes les mines sont des usines à mort : non seulement pour celles et ceux qui y travaillent, mais aussi pour la nature dans laquelle elles sont implantées et pour toutes les populations avoisinantes. Dans ce cadre, se battre dans un contexte légal ou institutionnel revient à tenter d’éteindre un feu avec de la salive : on s’égosille, on parle beaucoup, au mieux on gagne quelques minutes, mais au final le feu repart quand même.
C’est hors de cette impasse citoyenne que nous souhaitons discuter, afin de s’opposer fermement à leurs projets sans faire abstraction du monde qui va avec. Lutter contre les mines, c’est se battre contre un système où pouvoir, domination et exploitation mijotent dans la même potée, c’est utiliser tous les moyens que l’on estime pertinents pour renverser toute la marmite et non pas changer tel ou tel ingrédient de cette recette imbuvable.
C’est à partir de Ni or ni maître, un ouvrage écrit dans l’intention de nuire à la Montagne d’or et au monde qui en a besoin par des individus profondément hostiles à toutes formes d’autoritarisme, que nous proposons cette discussion.
• Le 06/02 à La Buerie, lavoir de Brouzenac – Labastide de Sérou •
18h ouverture des portes – 19h discussion – https://tardigrada.noblogs.org/
• Le 07/02 à Capuche Béret, place du Champs de Mars, au Mas d’Azil •
19h discussion
• Le 13/02 à l’Obs, 87 rue du 10 avril, Toulouse •
19h discussion
[1] Michel Bonnemaison, doux rêveur extractiviste, a travaillé pendant longtemps pour l’État français au sein du Bureau de recherche et de géologie minière (BRGM) et diverses entreprises lui étant liées à l’étranger. Au jour d’aujourd’hui, il s’est fait doubler par les investisseurs et s’est fait virer de la partie ariégeoise (les poches pleines, bien sûr).
13/02/2020
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