https://nantes.indymedia.org/articles/40116
Procès du mur : le délibéré sera rendu le 10 avril, à 9h, au TGI de Bar-le-duc.
Le procureur requiert pour chaque opposant : 4 à 5 mois de prison avec sursis et 6000 euros pour le mur détruit, ainsi que 300 euros pour le refus de prélèvement d’ADN.
Pourtant, le dossier est vide : on y voit tout au plus deux photos floues hyper pixelisée de deux hommes qui se tiennent près du mur mais dont il est impossible de déterminer les traits du visage. Ce sont toutefois ces deux photos qui sont utilisées par Monsieur le Procureur pour accuser nos deux amis d’avoir participé à la dégradation du mur le 14 août 2016 : rien ne prouve qu’il s’agit d’eux, mais la corpulence des individus photographiés est semblable à la leur.
Quant au procès de notre ami accusé de diffamation pour avoir écrit dans un article publié sur médiapart qu’un commandant de la gendarmerie l’a étranglé lors de son interpellation du 18 février 2017* : le procureur requiert 400 euros pour l’Etat, 400 euros pour le commandant, et 3000 euros pour ses frais d’avocate. Les marques de strangulations notées par le médecin ne suffirait pas, selon Monsieur le Procureur, à prouver la véracité de ses dires.
Le délibéré aura lieu, là aussi, le 10 avril, à 9h, au TGI de Bar-le-Duc.
Est-ce donc cela, faire justice ? Ou ceci est il, une fois encore, une tentative de semer le trouble et de diviser le mouvement antinucléaire ?
Il est désormais clair, et pleinement assumé, que l’objectif de cette stratégie judiciaire est de faire taire les opposant.e.s à CIGÉO.
Nous vous appelons, toutes et tous, à dénoncer la répression qui ne cesse de s’amplifier, et à continuer de lutter auprès de nous de près ou de loin !
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Un 13 février, deux procès, trois accusés.
Cela commence comme une comptine, un peu trop répétée ces derniers temps, d’ailleurs… Encore des rassemblements devant le tribunal? C’est devenu presque une routine à l’heure de la criminalisation accélérée de la lutte anti-nucléaire, quand les citations directes par le procureur deviennent règle commune. Mais ce rendez-vous là est exceptionnel, tant la charge symbolique de ces trois accusations est forte. Deux personnes devront répondre le 13 février de la destruction du mur de béton érigé illégalement par l’Andra autour du bois Lejus à l’été 2016 ; une autre devra se défendre d’avoir « atteint à l’honneur » du commandant de gendarmerie Bruno Dubois en déclarant s’être faite étranglée par lui lors de son arrestation le 18 février 2017.
Dans le contexte des convocations à répétition que nous connaissons, ces procès s’annoncent potentiellement comme les premières gouttes d’une douche glacée qui pourrait s’abattre sur les opposant.es au projet Cigéo. Mais ce 13 février, mardi gras, jour de toutes les fêtes et de tous les renversements possibles, pourrait aussi être l’occasion d’enrayer leur machine répressive. Nous étions des centaines pour la chute du mur en août 2016, et des centaines encore pour celle des grilles de l’écothèque en février 2018. Leur tentative grotesque de faire porter la répression de ces épisodes sur trois individus isolés doit être accueillie comme elle le mérite : par le grand rire de la fête des fous, qui fait fi des rois, des procureurs et des aménageurs. Soyons à nouveau des centaines pour soutenir nos amis !
« Le plus beau jour de ma vie ! »
Le mur mord la poussière, la forêt résonne de cris de joie rageuse. Une vieille dame tire, tire, tire, et tombe à la renverse, les yeux mouillés. Un autre s’enquiert : « tout va bien? vous êtes blessée? » « Non, c’est le plus beau jour de ma vie! (Bure, La Bataille du nucléaire, p.116)
Mais le carnaval se base également sur la subversion, la faute peut-être à cette méprise tenace autant que fertile qui le fait confondre avec la fête des fous : moment d’inversion et de retournement de l’ordre social. Quelle qu’en soit l’origine, la charge politique est depuis longtemps indiscutable, et la transformation au cours des siècles de ce qui fait politique métamorphose également la fête. (Constellations, Trajectoires révolutionnaires du jeune 21e siècle, p.182)
On ne parle pas de n’importe quelle « dégradation ». S’il y a bien quelque chose de grotesque et d’absurde dans ces citations à comparaître, c’est que des personnes seront menées devant la justice pour la destruction d’un mur pourtant reconnu illégal par la justice elle-même, quelques jours plus tôt : un mur honteux qui devait clôturer une forêt, comme si de rien n’était. Malgré la décision du juge des référés, l’Andra continuait d’occuper le bois et envisageait de poursuivre les travaux. Mais les 14 et 15 août 2016, près de 500 personnes détruisaient avec joie et détermination le serpent de béton qui s’étendait déjà sur plus d’un kilomètre de long.
Sa chute a provoqué bien plus que le bruit des gravats. Ce fut une onde de choc à travers la France, et même au-delà. Ce jour là, complètement fou, résonne encore aujourd’hui dans nos cœurs.
Pour eux, ce sont 1,6 millions d’euros de dégâts estimés ; mais pour nous, cet acte de sabotage a constitué une prise concrète sur l’avenir, une bouffée d’espoir, des heures de folie partagée. On ne prendra peut-être jamais la mesure du nombre de vies qui ont vraiment basculé en même temps que le « Bure de Merlin ». Si les juges et le procureur en avaient la moindre idée, s’ils connaissaient le nombre de fragments de béton tagué ramenés en souvenirs ou offerts à des amis, trônant désormais sur des étagères bien au-delà des frontières meusiennes, ils verraient tout le ridicule qu’il y a à en faire le crime de deux retraités.
Nous sommes tou.tes des tombeur-euses de mur !
Au-delà de son énorme charge émotionnelle, ce geste collectif a marqué une victoire importante dans la lutte contre Cigéo. Ce fut l’aboutissement de deux mois de défense tout azimut du bois Lejuc par une multitude de personnes, voisin.e.s, habitant.e.s de Mandres-en-Barrois, nouvelles venu.e.s, forestier.es et naturalistes en lutte, agriculteur-ices… De manifestations en recours juridiques, de barricades en rencontres autour du feu à la vigie au petit matin, de ravitaillement en discussions, de tractages en réunions d’information, le bois est devenu le point d’ancrage de la lutte contre la poubelle nucléaire.
Aujourd’hui, il est toujours menacé. Malgré les chouettes hiboux qui s’y sont installé.es et veillent sur lui, l’Andra souhaite déposer une demande de défrichement de près de la moitié de sa surface dès l’automne 2018…
Soyons nombreux-ses le 13 février, à leur dire que nous y étions nous aussi, la masse en main, pour libérer le bois : faisons-leur entendre que nous y serons de nouveau si l’Andra revient avec ses machines. La forêt est à toutes et à tous mais certainement pas à eux : voilà ce que nous rappelle encore le souvenir du mur. Voilà certainement aussi ce qui, plus que tout, « atteint à l’honneur » des commandants de tout poil, incapables de comprendre ce qui nous lie et réduits à étrangler les gens pour les faire taire.
Si le coeur vous en fit, venez déguisé.es et avec vos plus beaux masques de hiboux.
Et en attendant le carnaval, nous vous invitons à mettre à profit les jours qui nous séparent de l’audience pour rédiger ensemble un livre d’or de la chute du mur. En une phrase ou en dix pages, que vous ayez été là ce jour là ou non, partagez vos souvenirs, dites-nous ce que cela vous a inspiré, et envoyez vos contribution à livredordumur@riseup.net.
Soyons nombreux-ses le 13 Février dès 9h au TGI de Bar-le-Duc à manifester notre solidarité
Soyons nombreux.ses pour dissuader et ridiculiser la répression
Et qu’à jamais résonne le bruit du béton qui tombe!
14/02/2018
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