Ces vies qui n’ont pas d’importance, hommage à Nahel et aux révoltes

Ces derniers jours , le gouvernement organise des comparutions immédiates exceptionnelles par centaines, où les droits de la défense n’ont pas besoin d’être respectés. On veut enfermer à la chaîne. De la prison pour avoir dégradé ou volé quelques centaines d’euros, ou pour avoir été au mauvais endroit quand les flics sont passés. À côté, Orano et ses politiciens nucléocrates, c’est la mafia qui est toujours au bon endroit et qui détourne des millions d’euros, agresse et viole ses dissidentes (affaire Maureen Kearney) et qui ne sera jamais inquiétée par la justice. 
Dans cette société, tuer une personne de 17 ans d’origine algérienne, c’est non seulement normal, mais un influenceur néofasciste ose lancer une cagnotte en soutien au bourreau qui n’aurait fait « que son boulot ». Deux policiers qui mettent en joue une personne et l’exécutent c’est « faire son boulot ». Plus d’un million d’euros, c’est un salaire de tueur à gage versé par l’extrême droite. Nahel, une des 40 personnes tuées par la police annuellement, deux fois plus qu’il y a 10 ans. Cette vidéo marque, mais elle s’inscrit dans un climat quotidien de harcèlement et de violences policières contre les personnes racisées. C’est aussi la violence de devoir côtoyer leurs bourreaux qui les considèrent comme tuables[1].
On est dans un pays où Macron demande à TikTok et Snapchat de dénoncer et censurer les publications qui appellent à la révolte, et parle de couper internet la nuit dans les « quartiers sensibles ». Par contre, on ne dit rien quant aux milliers de publications qui appellent à assassiner des personnes de quartiers populaires et des publications racistes qui se réjouissent de leur mort. 
Où le syndicat de police néofasciste Alliance, par des menaces de meurtre à peine voilées, appelle ouvertement ses membres à user de violence contre ces « hordes sauvages » et ces « nuisibles ».
On est dans un pays où les médias de masse osent publier des appels au calme, en continuant de verser de l’huile sur le feu, tandis qu’en parallèle aucun pas n’est fait contre le racisme structurel et face à la précarité. Et rarement, on n’entend la parole de révolté·es et de leur colère.
Ces enfermements, cette répression, c’est pour envoyer un message: quartiers populaires, vos vies et vos paroles n’auront jamais d’importance, et si vous osez réagir, on vous écrasera. Restez chez vous, et retournez faire les boulots invisibles dans les pires conditions.
Nous, militant·es antinucléaires, sommes solidaires de ces révoltes.
C’est parmi ces vies qui n’ont pas d’importance que les agences du nucléaire recrutent pour les envoyer là où la plus grande radioactivité sévit, au fond d’une chaîne interminable de soustraitance. Des emplois jetables, où lorsque t’as pris trop de doses, on te rejette avant que les premiers signes de cancer arrivent. Ce sont aussi des vies sans importance qui vont creuser dans les mines d’uranium dans les pays sous domination néocoloniale. Les quartiers populaires, les noir·es, les arabes et les personnes non blanches servent de « réservoir d’énergie » à exploiter à l’infini. Ces populations « tuables » des colonies françaises, quelques décenies auparavant, en Algérie, en Polynésie, ont subies les 210 explosions nucléaires françaises, aujourd’hui encore sans reconnaissance ni réparation.
C’est aussi le même régime autoritaire qui permet à la fois de mater les peuples qui se révoltent, que celui qui impose des mégaprojets écosuicidaires. Ce sont les mêmes stratégies de propagande médiatique qui mettent toujours en avant les récits des institutions et des dominant⋅es au détriment des classes populaires et des dominé·es.
« Dans les quartiers populaires, la question écologique ne peut pas être celle de la protection de la terre – de l’environnement, de la nature, du vivant ; elle doit être celle de sa libération. » Fatima Ouassak, Pour une écologie pirate.
  • Suppression du permis de tuer.
  • Désarmement de la police.
  • Interdiction de cette cagnotte scandaleuse.
  • Fin des comparutions immédiates et des détentions provisoires.
  • Amnistie pour toutes les personnes arrêtées pendant les révoltes
  • Solidarité avec les familles et les proches des victimes de violences policières
  • Caisse de soutien à la legal team antiraciste créé pour aider face à la répression (3500 personnes arrêtées – 380 personnes incarcérées en quelques jours en date du 4 juillet!):  https://www.cotizup.com/legalteamantiraciste
  • Cagnotte pour la famille de Nahel: https://www.leetchi.com/fr/c/soutien-a-la-maman-de-nael-decede-ce-jour-a-nanterre-1608932
[1]  Kaoutar Harchi, écrivaine, sur la mort de Nahel M. : « Si eux vont sans honte, nous n’irons pas sans révolte » https://www.telerama.fr/debats-reportages/kaoutar-harchi-ecrivaine-sur-la-mort-de-nahel-si-eux-vont-sans-honte-nous-n-irons-pas-sans-revolte-7016222.php

07/07/2023

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