Convoquée un lundi de pâques …

– Le harcèlement d’une anti-cigéo doit cesser –

En Meuse, les cloches livrent des convocations en guise de chocolats pour le lundi de Pâques !

Une semaine avant son procès, la gendarmerie vient intimider une militante anti-nucléaire avec une convocation pour « menaces de mort » pour une sombre histoire de farine et d’oeufs (pas en chocolat a priori)

On sait que les 1ers avril sont propices aux blagues, mais cette année la maréchaussée meusienne a préféré attendre le 16 avril pour que la surprise soit plus grande et… désagréable pour la militante anti-cigéo.

Cigéo, c’est la giga poubelle radioactive souterraine imposée à coup de millions et de matraques à Bure parce que dans l’Est, on n’aime pas que l’Ouest gagne du terrain : on veut notre propre fiasco industriel et financier, histoire de ridiculiser celui de l’EPR de Flammanville, non mais !

Dans sa longue tradition, l’industrie nucléaire s’impose, à Bure comme partout, par la pression sur la population d’un territoire et par la répression sur les militant⋅es qui s’y opposent.

Et cela donne lieu à des situations tragi-comiques :

Mercredi 16 avril – 17h30 : deux coups de sonnette énergiques dans un petit village du nord meusien : deux gendarmes se présentent à la porte de la militante, l’un d’eux a en main une page de notes brouillon. Il s’agit de la convoquer pour une histoire qui concerne la mairie.  Comme elle est conseillère municipale, elle croit d’abord que cela concerne son village  : « La mairie ? ». Le gendarme : « Oui pour cette histoire d’œufs et de farine ». Interloquée, la militante met quelques secondes à comprendre et se souvient qu’une réunion de l’Andra (Agence de propagande Nationale pour la Dissimulation (Ratée) Atomique) avait fini par un jet d’œufs et de farine, après tant de gros mensonges et autres provocations de son chef de la propagande directeur que certain⋅es militant⋅es avaient fini par croire que c’était Carnaval et que toute cette plaisanterie pouvait finir dans un joyeux décor à crêpes.

Ne perdant pas le nord(est), la militante demande alors une convocation écrite en bonne et due forme. Le gendarme s’en étonne : en Meuse, vu que la gendarmerie passe des conventions avec l’Andra pour faire à sa place la basse besogne de contrôle, de fichage et de répression, ses cow-boys gendarmesques en croiraient presque qu’on peut attraper les militant⋅es au lasso.

Ils repartent donc en promettant de revenir le lendemain.

Comme beaucoup de gens, les militant⋅es ne sont pas toujours à attendre derrière leur fenêtre le retour des gendarmes : seul le voisin a vu le lendemain la monture motorisée bleue s’arrêter devant la maison de la militante (Oui, comme tout bon voisin de campagne, lui était bien posté derrière ses carreaux). Prévenue par ce voisin vigilant à son retour, la militante se dirige à sa boite-aux-lettres persuadée d’y trouver une convocation en bonne et due forme : que nenni ! C’est qu’à la gendarmerie de Verdun, on prend les missions au sérieux : livraison en main propre de la convocation.

Pendant ce temps-là, hasard des coïncidences, France 3 rediffuse le même soir en vain un documentaire sur les ravages de la poudre en Meuse : qu’importe, nos gendarmes préfèrent avoir des zombies partout ; certes, ceux du sud de la Meuse seront radioactifs.

Jamais deux sans trois, avec la témérité qu’on peut leur reconnaître, voilà donc deux gendarmes armés d’une convocation écrite en bonne et due forme, sonnant une nouvelle fois à la porte de la militante le vendredi 18 avril à 18h (précision pour l’Alsace-Moselle : en Meuse, on a été arnaqué, on a beau être en Lorraine, le vendredi de Pâques n’est pas férié :/ ).

Elle ouvre et découvre qu’elle est sommée de se rendre en gendarmerie de Verdun, place du Gouvernement (ça ne s’invente pas), deux jours après le lundi de Pâques ! Le gendarme-livreur n’avait pas lu la date, il en tombe des nues lui-même. A ce moment-là, elle perçut profondément en lui qu’il aurait préféré livrer des chocolats plutôt que des convocations.

La militante prend le temps lire les motifs de la convocation :

– « Violence sur une personne chargée de mission de service public sans incapacité »

– « Menace de mort réitérée »

– « Outrage à une personne chargée d’une mission de service public commis en réunion »

Tout ça avec de la farine et des œufs ?! Qui plus est qu’en aucun cas elle n’a lancé. Mais quand bien même : menace de mort à coups d’oeufs et de farine ? Pendant que les crêpières se retournent dans leur tombe, les années Persan lui reviennent à l’esprit : serait-ce une blague de potache ? Elle regarde si les gendarmes ont une caméra cachée et si l’un des deux ressemble à Raphaël Mezrahi. Non… même celui des deux qui ne parle pas, avec ses lunettes noires de cow-boy à Miami, est loin d’avoir la mine d’un humoriste.

Elle demande donc si vraiment c’est sérieux ce genre d’accusations sur une convocation pour un lundi de Pâques : le gendarme-livreur (qui à ce moment là voudrait vraiment être encore à Rome) reconnaît que « ça ne se fait pas effectivement, ça ne va pas ».

Il appelle le responsable de la convocation « La dame dit que ce n’est pas normal de la convoquer un lundi de Pâques, et elle a raison, on fait pas chier les gens un lundi de Pâques, et comment trouver un avocat un jour comme ça ? ».

L’autre au bout du fil lui demande si elle refuse de venir : sentant venir le chocolat coup fourré, la militante prend le temps d’écrire sur la convocation les raisons de son refus de venir à cette date dans ces conditions, mais qu’elle est disposée à venir à une autre date décente et que son avocat appellera pour en convenir.

Mais c’était sans compter sur la mauvaise foi du gendarme au téléphone à trouver une date au plus vite et convenable avec l’avocat qui, face à l’entêtement, a écrit en urgence au procureur afin de l’avertir de la situation ubuesque.

Ce texte publié le lundi de Pâques 21 avril ne vous donnera pas la fin de cette histoire tout de suite mais, histoire de poser le contexte, va continuer de vous livrer le résumé des épisodes précédents, non sans lien avec celui-ci comme toute mauvaise série B qui se respecte :

Épisodes d’une longue série qui dure depuis 8 ans :

Cette militante n’est pas tout à fait n’importe laquelle, c’est l’une de celles qui subit les foudres répressives du Dieu de l’État nucléocrate français qui ne lésine pas sur les dépenses pour confectionner 24 000 pages de dossier creux, 16 années d’écoutes cumulées, 85 000 interceptions téléphoniques, 20 perquisitions, 2 années et demie de contrôles judiciaires et plus d’un million d’euros de frais d’enquête… Tout ça pour tenter de débusquer 7 malfaiteurs qui, depuis, sont relaxé⋅es les unes après les autres, et 8 ans de procédures après, ils ne sont plus que 3 à repasser devant la Cour d’Appel le 24 avril pour une manifestation non déclarée mais pas interdite (oui en Meuse, la gendarmerie n’est pas avare de plaisanteries) : en effet la Cour de Cassation a annulé leur seconde condamnation émettant la possibilité que l’atteinte à leur liberté d’expression soit disproportionnée… Non, sans blague ?!

Épisode du 14 avril 2025

Il faut le savoir, dans la Meuse, on n’a pas St Tropez mais on de l’humour et des gendarmes, enfin surtout à Bure… Sans aucune peur de la parodie et à défaut de nudistes sur une plage, ce lundi 14 avril, voilà nos playgendarmes mobiles s’approchent de la militante qui est accompagnée d’un groupe  juchés sur un château d’eau : de ce point haut propice, elle montre sur une carte les contours du projet morbide de l’Andra pour faire disparaître le paysage autour : adieu veaux, vaches, cochons, champs de céréales, prairies et Bois Lejuc, place aux énormes zones industrielles pleines de fûts atomiques ! 

Les gendarmes écoutent mais l’interrompent pour s’enquérir du bon déroulé de la visite auprès de ses camarades anarchistes chrétiens (si, si, c’est possible et c’est pour cela qu’on tient à un lundi de Pâques sans convocation ailleurs que dans une église :-D ! Et il faut bien ça face à la religion du nucléaire en France… enfin surtout dans sa branche du corps des Mines et du prêcheur Jancovici).

Un de ces camarades s’étonne de cette question qui cache bien mal son intention réelle, tout comme cette visite gendarmesque perchée mais c’est bien connu : « La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme, C’est d’être toujours là quand on ne l’attend pas, La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme, C’est d’être perspicace sous un petit air bonasse ».

À Bure, c’est pour faire du contrôle, de la surveillance et du fichage de militant⋅es opposant⋅es politiques mais bien sûr le gendarme l’assure : il ne « fait que son travail ». Il n’apprécie guère qu’on lui rappelle que son travail, loin de la gloriole qu’il cherchait en s’engageant dans l’armée, consiste à être un « chien de garde » de l’Andra, preuve à l’appui.

Certes, le terme peut paraître d’un sévère humour sarcastique mais il faut se rappeler pour en rire que la scène se déroule en haut d’un château d’eau au beau milieu des champs : face à face entre des gendarmes et des anarchistes chrétiens qui leur font un cours de philo sur l’obéissance aux ordres de défendre une poubelle nucléaire :’D

Voilà pour les premiers épisodes du mois d’avril ! Nous reviendrons prochainement sur la suite de la convocation de la militante pour ovi-terrorisme enfariné et nous ferons un détour par les épisodes du mois de mars.

D’ici là, le suspens est à son comble avant la convocation : le parquet va-t-il retomber dans les travers que la LDH dénonçait il y a 8 ans ?

Avec les expropriations en cours et l’imminence des premiers travaux « préparatoires » de Cigéo, doit-on s’attendre à ce qu’à Bure le harcèlement policier et judiciaire redevienne la norme ?

Les paysans et paysannes écrasé.es « par le rouleau compresseur qu’est l’Andra » rejoindront-ils les anarchistes chrétiens, les bâtisseur⋅euses de chalets, les faiseurs de pain et les cueilleuses de plantes magiques pour renvoyer la gendarmerie à son histoire et le labo à une mauvaise blague du futur qui aura pris fin heureuse et non irradiée ?

Ne ratez pas les prochains épisodes et même venez devenez acteur.ice dans la tragi-comédie en rejoignant la lutte ! Humour, créativité et force collective garantis !

La commission LOL – le retour

PSSST… sur les RS, c’est par ici : https://fr-fr.facebook.com/bureacuire2/ et ici : https://t.me/BUREBUREBURE

21/04/2025

répression