Indymedia Lille / mardi 25 juillet 2023
A une trentaine de kilomètres au Sud de Paris, en Essonne, sur la commune de Vert-le Petit se trouve le Centre d’étude du Bouchet, un des hauts lieux du nucléaire et de l’armement.
C’est là qu’en 1820 a été créé La Poudrerie Nationale du Bouchet, voilà pourquoi durant la Première Boucherie mondiale 5 000 travailleurs y produisirent des quantités énormes de poudre et de munitions pour les besoins du front.
De 1920 à 1940 sans pour autant interrompre totalement la fabrication de munitions classiques, l’établissement oriente une grande partie de son activité vers de nouvelles technologies liées à l’hypothèse d’un conflit où seraient mis en œuvre des procédés chimiques, biologiques et bactériologiques.
En 1946 une partie du site est affectée au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), qui y installe et fait tourné jusqu’en 1971 la première usine française de traitement de minerai, de raffinage et de conversion de l’uranium, ainsi que de traitement du combustible nucléaire usé. C’est d’ailleurs là que le traitement du combustible irradié de la première pile atomique française, la pile Zoé, permit en novembre 1949 l’extraction des premiers milligrammes de plutonium, étape essentielle pour la fabrication de la bombe atomique française.
Dans les années 1950 la production d’uranium métal augmente progressivement : 51 tonnes d’uranium métal sont produites à l’usine du Bouchet du début de l’année à la fin septembre 1952 et le maximum annuel de 500 tonnes est atteint en 1956, année pendant laquelle est construit à quelques kilomètres le site du CEA de Bruyères-le-Châtel pour concevoir l’arme atomique française.
Au cours des années 60 et jusqu’à sa fermeture en 1971, l’usine du CEA du Bouchet reste une usine pilote en ce qui concerne le développement de nouveaux procédés chimiques de traitement de l’uranium. Le Bouchet produit alors plus de 4 000 tonnes d’uranium métal, notamment pour les réacteurs de recherche et les réacteurs à uranium naturel graphite gaz.
Par la suite s’est installé le centre de la Direction Générale de l’Armement qui s’occupe de la « défense et la protection contre les agressions de type nucléaire, radiologique, biologique et chimique (dits NRBC) », et qui y a inauguré en 2013 un laboratoire de type P4.
A leurs côtés se trouvent aujourd’hui l’entreprise LIVBAG, qui a pour principale activité la fabrication de produits explosifs, la société ISOCHEM, spécialisée dans la chimie fine, la société STRUCTIL (rachetée par Hexcel en 2017), spécialisée dans la production de matériaux profilés haute-performances à destination de l’aérospatial, de la défense et de l’industrie, ainsi qu’un centre de recherche et développement, spécialisé dans le domaine des matériaux énergétiques, appartenant à l’entreprise ArianeGroup (entreprise qui produit notamment les lanceurs Ariane 5 et Ariane 6, ainsi que le missile balistique M51 qui équipent les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, chaque missile disposant d’une puissance de frappe équivalant à 1 000 fois Hiroshima).
A quelques kilomètres de là, la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 mai, pour tenter de porter atteinte à leurs activités nous nous en sommes pris au réseau RTE en incendiant les 3 câbles 63kV qui descendent le long de chacun des deux pylones, à la lisière de la forêt de Saint-Vrain, et alimentent en partie le réseau de distribution d’électricité de la zone.
Rien que ces quelques mots : « Les câbles sont sous les pylônes. »
Jane Birkin et les vers luisants du bois d’à côté