Front pédagogique : RDV le 4 juin à Paris !


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Information trouvée et mise à jour sur https://paris3juin.noblogs.org/post/2023/03/31/front-pedagogique

Suite à l’assemblée antinucléaire du 3 juin 2023, nous vous proposons de nous retrouver le 4 juin à 10h à Paris pour relancer

(Le lieu sera précisé dans le courant de la semaine)

Le Front pédagogique contre le nucléaire

Ce Front pédagogique s’est créé en 2020 dans le but de contrer la propagande du lobby nucléaire dans les écoles à tous les niveaux de formation.

Il est parti du constat que nous devrions axer nos efforts pour transmettre nos savoirs aux jeunes que nous pouvons côtoyer dans nos milieux professionnels. Notre objectif est de contribuer à construire et à apporter des outils pédagogiques qui permettent de parler sérieusement du nucléaire.

Il s’agit de répondre au manque de formation des élèves comme des enseignant.es sur les questions touchant au nucléaire civil et militaire. De fait, ce manque de connaissances empêche le développement de l’esprit critique et les prises de conscience sur les enjeux du nucléaire. L’objectif du Front est donc de construire des arguments en réponse aux lobbys pronucléaires, qui eux fournissent des outils de propagande clé en main aux enseignant.es et qui organisent des visites de centrales[1] et du laboratoire de l’ANDRA notamment.

Si dans d’autres pays sortis du nucléaire ou qui n’y sont jamais entrés, il peut être respectable de considérer le nucléaire comme dangereux et contre-productif, en France, le pays le plus nucléarisé au monde[2], beaucoup ne se sentent pas légitimes ou libres de tenir le même discours. C’est que nous baignons dans une ambiance pronucléaire : du Président de la République qui relance et soutient la filière à l’aura médiatique d’un Jean-Marc Jancovici, en passant par certains vulgarisateurs scientifiques de la plateforme You Tube, sans oublier le soutien apporté à cette filière par le PCF jusqu’au RN, le discours nucléariste est constamment relayé. Ainsi, les arguments critiques du nucléaire sont souvent attribués à une écologie « dogmatique », non scientifique voire ésotérique. Cela rappelle les grandes heures de la propagande de l’industrie fossile ou celle de l’industrie du tabac. Aidés par l’invisibilité des radiations et le secret défense, les impacts sur l’environnement sont soigneusement minimisés et, le plus souvent, passés sous silence. Qui sait que, même en fonctionnement normal, l’industrie nucléaire contamine en permanence la biosphère ?

En France, l’industrie nucléaire est quasiment hégémonique dans le domaine de l’électricité, ORANO, EDF, CEA, FRAMATOME, ANDRA, ASN et IRSN sont autant d’institutions publiques ou privées émanant d’une volonté de nucléariser le pays. Ces industries ont des moyens de communication importants et bénéficient du soutien des gouvernements successifs. La plupart des médias reste asservie à cette vision partielle et partisane pronucléaire. Il est donc normal d’aboutir, dans l’imaginaire de certains jeunes, à une écologie compatible avec le nucléaire, véritable aberration intellectuelle, notamment par le simple fait historique que le combat contre le nucléaire est à la base du mouvement écologique en France[3].

Comment expliquer une telle incohérence ? L’analyse des programmes scolaires est une piste. La question des déchets nucléaires est apparue officiellement dans les programmes de sciences au lycée en 2020 seulement. Et cela a été contrebalancé par des nouveaux programmes clairement en faveur du nucléaire. Il suffit de lire les manuels scolaires pour constater que cette filière n’est jamais remise en question. Par exemple, le projet controversé ITER et le nucléaire civil en général sont souvent présentés comme des solutions au réchauffement climatique, sans point de vue critique[4]. En histoire, la nucléarisation de la France est toujours étudiée sous l’angle économique comme un élément de la geste gaullienne visionnaire et modernisatrice, mais jamais sous l’angle politique, comme la création d’un domaine ultra-réservé des chefs d’états qui n’a jamais été soumis au contrôle démocratique.

Nous souhaitons donc proposer des contenus pédagogiques qui permettent au discours antinucléaire d’avoir le même espace que celui pronucléaire, car il en va, d’une part de la neutralité de l’éducation sur cette question, et, d’autre part, d’une réelle prise de conscience de ce qu’implique l’exploitation industrielle de la radioactivité.

Des arguments simples, et qui ne peuvent être taxés d’ésotériques, sont encore trop peu relayés, comme le besoin impératif d’eau disponible en forte quantité pour faire fonctionner les centrales, le lien entre nucléaire civil et militaire, pourtant souligné par Emmanuel Macron, ou l’approvisionnement en uranium qui se fait exclusivement à l’étranger. Le premier argument permet de comprendre que le nucléaire n’est pas une réponse si simple que cela au réchauffement climatique dans un contexte de hausse des sécheresses, le deuxième de penser les désastres nucléaires militaires et civils comme intimement liés ; les essais nucléaires consistant à faire exploser une bombe atomique à des fins expérimentales font partie de l’histoire des centrales et réciproquement, et le troisième argument fragilise la notion d’indépendance énergétique de la France.

Proposer des activités autour de ces problématiques permet aux élèves d’affiner leur regard critique. Ainsi certains d’entre eux comprennent, par eux-mêmes, pourquoi le nucléaire et le gaz sont entrés dans la taxonomie verte européennes et ne sont pas dupes des tractations politiques, et non scientifiques, qui ont amené à ce genre de décision. Il serait temps de transmettre aux jeunes toute une littérature scientifique critique de cette filière. De même l’histoire des institutions comme l’UNSCEAR[5] ou l’agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) et son influence sur l’OMS, permet de comprendre réellement les controverses sur les bilans officiels des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima.

Une industrie implique tous les aspects, toutes les facettes de la vie. Ainsi notre rôle d’enseignant est de traduire au mieux l’épaisseur des réalités humaines et matérielles qui se trouvent derrière les connaissances livresques : quand on parle de la production de l’énergie et du fonctionnement d’une centrale nucléaire, on peut faire un schéma compréhensible, mais ça ne traduit pas la réalité de la quantité de matières et de travail pour mettre en oeuvre une telle installation, ni les conséquences pour la santé des travailleurs et des habitants, ni les dégâts environnementaux. Notre projet est de trouver des supports pédagogiques qui dévoilent les implications humaines et matérielles de notre environnement industriel.

C’est pourquoi nous voulons nous adresser, à travers ces supports, à tous les niveaux scolaires, du primaire au supérieur, et à toutes les matières, de l’enseignement scientifique à la philosophie. Nous souhaitons devenir un réseau de soutien fait d’enseignant.es, de personnes syndiquées, de militant.es, d’opposant.es au sein des institutions, d’animatrices et animateurs…

Enfin, nous ne voulons pas être seulement les ‘’oiseaux de mauvais augure’’ et voulons relayer d’autres façons de voir le futur énergétique en France. Nous voulons montrer que d’autres solutions (sobriété énergétique, énergies renouvelables), d’autres manières d’habiter la planète existent. En ce sens, nous souhaitons aussi laisser la place aux émotions, aux doutes et à ceux qui essayent, expérimentent d’autres modes de vie. La prise de conscience se fera aussi par la création d’un nouvel imaginaire, un imaginaire dénucléarisé et vital pour les générations futures.

[1] Orano invite, par exemple, des proviseurs de lycée (source : compte twitter d’Orano), l’ANDRA propose des visites de son laboratoire à Bure couplées avec des visites de patrimoine et se présente comme un « organisme culturel » (sources : Rapport d’activité ANDRA 2018 et 100 000 ans D’Allens, Bonneau, Guillard. Seuil. 2020)

[2] La France est le deuxième pays possédant le plus de réacteurs dans le monde derrière les Etats-Unis, mais la taille du territoire, le nombre d’habitants et la part du nucléaire dans l’énergie électrique permettent de considérer la France comme le pays le plus dépendant du nucléaire. Sources : sites EDF et connaissance des énergies.

[3] Lire Survivre et vivre : critique de la science et naissance de l’écologie coordonné par Céline Plessis. L’échappée. 2014.

[4] Exemples : p.191 p. 197 Manuel Bordas Terminale Enseignement Scientifique. 2020 p. 172 et 173 Manuel Belin Terminale Enseignement Scientifique. 2020 : voir extraits en annexe.

[5] Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants.

Pour nous rejoindre et/ou être informé.e de la suite, écrivez-nous à nucleaire_badaboum@riseup.net. Ou front_pedagogique_anti_nuc@lists.riseup.net

Vous pourrez également trouver des informations sur https://bureburebure.info/ et https://enseignantspourlaplanete.com

31/05/2023

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