L’Autorité environnementale (Ae) persiste et signe : le projet Cigéo a trop de trous dans la raquette

Texte issu du journal Info Bure (juillet 2024) + d’infos sur www.burestop.eu

 

Stoppez tout ?
L’Autorité environnementale (Ae) persiste et signe : le projet Cigéo a trop de trous dans la raquette

L’autorité environnementale (Ae) a rendu un nouvel avis sur le projet Cigéo, le 27 juin 2024. Saisie par le préfet de la Meuse en avril dernier, c’est donc le second qu’elle rend. Le premier, effectué en 2021 dans le cadre de la demande d’utilité publique (DUP), avait fait grand bruit. Elle relevait des points obscurs, voire inquiétants, dans le dossier présenté par l’Andra. Ils ne sont pas éclaircis 3 ans plus tard, au stade du dossier de la DAC. Bref la copie est à revoir !

L’Ae a de sérieux doutes

Elle annonce la couleur en affirmant qu’«il est extrêmement difficile de concevoir des mesures efficaces pendant plusieurs dizaines de millénaires et à l’horizon temporel de la fermeture du site qui est lui-même éloigné (plus de 150 ans)».  Traduction : l’homme ne peut pas se projeter au delà d’un demi-siècle (?), alors que Cigéo nous embarque sur des millénaires, des périodes de temps qui dépassent l’entendement.
Selon l’Ae, l’assertion que Cigéo permet de ne pas faire reporter sur les générations futures le poids de la gestion des déchets n’est pas suffisamment étayée. Ce que nous dénonçons depuis près de trente ans. En effet, nos successeurs se verraient imposer non seulement la poursuite d’un chantier hasardeux, mais aussi le soin d’assurer… son financement. Sans compter le fait que rien ne prouve que la radioactivité restera bien sagement au fond.

Un manque d’options

Selon l’Ae, le choix du stockage en profondeur par rapport à d’autres options est contestable. Elle évoque une option pas suffisamment étudiée tel l’entreposage des déchets sur les sites de production pendant que serait mis au point le stockage en forage en très grande profondeur, pouvant limiter, voire rendre impossible l’accessibilité aux colis dans le futur. En effet, le choix de l’enfouissement à 500 m à Bure a été imposé sans alternatives possibles. Elle demande aussi de présenter les choix d’implantation de la zone de stockage par rapport aux failles et de justifier les choix de localisation actuels. Tiens donc, le chapitre failles géologiques et sismicité, pointé par des experts indépendants dans les années 2000, n’est pas clos.

La population sera  lourdement impactée, en a-t’elle été avertie ?

Impacts environnementaux (air, eau), incidences et risques sanitaires du chantier sont à mieux évaluer. Par exemple, pour le risque chimique (émissions de polluants dans l’atmosphère) elle n’y va pas par quatre chemins : « En l’absence de valeur consensuelle au niveau national, le niveau de risque acceptable doit être mis en débat avec les habitants concernés. Ces derniers restent les seuls capables d’expliciter quel taux de mortalité supplémentaire ils acceptent au regard des bénéfices de la construction de Cigéo (…) ».
L’analyse de l’Ae témoigne d’une lucidité  remarquable. Elle met en balance un bénéfice-risque  qui aurait dû être exposé dès l’arrivée du projet Cigéo sur le territoire. Ce chantier, uniquement présenté au territoire comme facteur de développement local et « chance à saisir » serait porteur d’incidences sur la santé, voire d’augmentation de la mortalité. C’est dit.

Côté transports des déchets, l’Andra évalue la dose susceptible d’être reçue par des personnes situées à 2 m de tous les trains (estimée à quelques dizaines de microsieverts (μSv) par an). Sans remettre en cause ce calcul, l’Ae estime qu’une évaluation quantitative des doses reçues au domicile des riverain.es de la ligne ferroviaire serait utile ! Que risquent au juste ces habitant.es ? Pourquoi ne les a t’on encore jamais correctement informés des méfaits évidents de ce trafic – jusqu’à 2 trains par semaine – qui durerait plus d’un siècle et demi ?

Début 2021, l’Autorité environnementale recommandait « de limiter la démographie autour de Bure. En cause, le risque d’exposition à la radioactivité de la population à court et à long terme. » Elle réitère sa demande : comment sera perpétuée la mémoire du site ? Elle a de gros doutes sur le sujet. Quelle surveillance à long terme ? Quels sont les moyens envisagés pour prévenir les risques d’intrusion par forage dans le stockage après fermeture ? Comment maximiser la mémoire du centre de stockage et minimiser les risques de contact des générations futures avec les colis de déchets ? Pourquoi l’ASN limite-t-elle l’obligation de mémoire à 500 ans ? Cigéo et ses vastes zones d’ombre…

02/08/2024

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