Premières flambées dans la sauna & petites maintenances à venir

En juillet dernier, à l’occasion de la fin du deuxième chantier de construction de la sauna mobile de Bure, on publiait ici un article. On en profitait pour inviter tout un·ex chacun·ex à occuper cet espace de soin pendant les Rencontres des Luttes Paysannes et Rurales fin août et à rejoindre la lutte pour l’autonomie et la subsistance depuis la perspective du soin. Une perspective que l’on trouve trop souvent délaissée. Parce que le soin des terres ne se fera pas sans soin des corps, le slogan par lequel on terminait notre invitation, se faisant l’écho d’une écologie transféministe intersectionelle, inclusive et anticapitaliste; revendiquant une certaine culture de l’attention.

Maintenant que ces Rencontres sont derrière nous, on ne résiste pas à la tentation de partager quelques mots et photos, de dire là où ça en est et ce qui se prévoit encore. En espérant donner envie de rejoindre l’élan et de passer, du moins, faire une sauna, dès que l’occasion se présentera.

La sauna mobile aux Rencontres des Luttes Paysannes et Rurales

Fin août début septembre à Cirfontaine-en-ornois a lieu le camp autogéré des Rencontres des Luttes Paysannes et Rurales. C’est l’occasion pour la sauna mobile d’une première sortie !

Pendant les quelques journées qui précèdent l’ouverture du camp, de nombreuses personnes s’affairent au montage des différents espaces. À ce moment, du côté de la transpi on n’imagine pas encore la mésaventure qui va être la nôtre au moment de l’installation de la sauna sur le camp. Vu d’aujourd’hui, on a bien envie de vous partager cette anecdote parce que ce genre de galère, ça raconte aussi un peu de nos aventures collectives et surtout ça permettra à d’autres de ne pas faire la même bourde.

Vendredi soir, veille d’ouverture du camp, la sauna est installée au sein du « village soin ». C’est la première fois qu’on lance une chauffe.
Excité·exs, on place quelques buchettes fendues dans le poêle et on craque une allumette. Au bout d’une heure, on commence à pointer le bout de nos nez dans la cabine, voir si tout se passe bien et là, chelou : une odeur étrange émane de la sauna. Et plus la cabine chauffe, plus cette odeur est forte, ça pique même un peu les yeux et le fond de la gorge. On se dit merde, là y’a vraiment quelque chose qui cloche. On fait le point sur l’ensemble des composants de la sauna et après  quelques recherches sur le net on trouve notre coupable : le sol. Le sol en contreplaqué marine et sa colle dégueu à base de formaldéhyde. Sous l’effet de la chaleur et du confinement, la colle dégage un gaz hyper toxique. C’est la MEGALOOSE. On avait pourtant pris soin d’utiliser du bois sans traitement chimique pour le reste de la cabine, mais pour le sol on avait choisi du contreplaqué marine récupéré en se disant que ça ferait un sol étanche… Grave erreur !

Coup dur au moral, on se réuni et on fait le point. Qu’est-ce qu’on peut bien faire ? Après un tour de parole des besoins et de l’énergie de chacun·ex, on explore les différentes possibilités puis, en s’assurant que toute l’équipe est ok, on prend une décision : on va le changer ce foutu sol. Dès le lundi matin, on se lance sur le champ (ahah) dans un chantier de réparation, c’est un peu foufou. Certain·exs d’entre nous récupèrent des outils et vont chercher un sol en bois brut non traité, d’autres déplacent la sauna au bout du camp pour pas déranger et c’est parti. On démonte le sol en contre-plaqué dans la cabine, on adapte le lattage et l’isolant, et on pose le nouveau sol. Pendant ce chantier-tunnel de 24h, on est nombreu·xses à mettre la main à la pâte et les messages de soutien fusent. Ça fait du bien.

Le mardi soir, le sol est changé et la sauna est prête à être redéplacée au milieu de l’espace soin. On imagine une banderole pour la manif de samedi : « Ni déchets radioactifs ni formaldéhyde ! Le capitalisme empoisonne : détruisons-le ! »

Le soir suivant, un peu abasourdi·exs quand même, on rallume un feu dans la sauna. La cabine chauffe, on ouvre la porte, tout à l’air d’aller, l’odeur du bois, l’odeur d’une sauna, c’est le gros soulagement. Pour fêter ça, des ami·exs du camp tirent un feu d’artifice (merci!). Des petits groupes de gent·exs se forment et commencent à faire la queue pour rentrer dans la sauna. Le premier soir, on ne sait plus trop où donner de la tête mais c’est la joie; une joie un peu débordante et tellement réjouissante. On commence à voir du monde sortir de la sauna, l’air si détendu, prêt·exs à aller dormir sur leurs deux oreilles. Ce qui était un peu abstrait, depuis qu’on a commencé à construire cette sauna, prend enfin un sens concret sous nos yeux.

À deux heure du mat’, scène un peu loufoque; on voit au loin, sur le chemin qui longe le champ, les flics qui passent en duster. On est vraiment du bon côté de la barricade (lol).

Les jours suivants on met en place des créneaux, on essaye de faire que ce soit le plus inclusif possible et le plus tranquille aussi. On demande aux gent·exs de nous indiquer leurs besoins en terme de formes de mixité, d’ambiance, de nudité, etc. On prend le temps, avant chaque séance, de se checker les un·exs les autres, de présenter un peu la sauna mobile, d’imaginer des façons de faire qui nous correspondent. Pendant la durée restante du camp, y’a près de 300 personnes qui passent se réchauffer dans la sauna. On est supère content·exs.

Le dernier soir, pour fêter la fin du camp, certain·exs d’entre nous vont même jusqu’à enchainer sauna et bain chaud dans les grosses marmites de la cantine de Bâle. On se dit qu’on a comme transformé le champ de JP en une sorte de thalassothérapie paysanne autogérée et anticapitaliste. Délire.

Le lendemain, on dépose la sauna à Mandres.

On profite de ce petit récit pour remercier l’ensemble des personnes impliquées dans le « village soin », toutes les personnes qui se sont rendu·exs disponibles pour prendre en charge l’écoute, l’accueil et la gestion des VSS, les permanences, la médiation etc. Merci aussi à toute l’orga du camp pour ce moment inoubliable et cette programmation dingue, merci à JP pour ton soutien et ta disponibilité, merci aux merveilleuses équipes de cantinier·exs, merci à l’équipe « eau » qui malgré l’accident de tonne à su faire en sorte que personne ne manque d’eau, merci à toutes les petites mains qui ont rendu ce moment possible et vraiment, vraiment, très sympathique, merci les concerts, merci les spectacles, merci la manif, merci à chacun·ex !

. . .

Petites maintenances à venir & lancement de la saison d’hiver

Maintenant que la sauna a vécu sa première fête, on ne va pas s’arrêter là. On a encore quelques travaux à mener, une sauna à préparer pour la saison d’hiver et puis aussi l’envie de prendre le temps avec toutes celleux que ça intéresse de partager ensemble son utilisation. On a envie d’en faire un outil de soin commun et pérenne pour la lutte et pour les habitant·exs des vallées alentours. Que cette sauna soit un lieu non-marchand, le plus accessible et disponible possible.

On prévoit un chantier en décembre, on en profitera pour commencer à passer le relais à qui voudra et pour imaginer la suite ensemble. Si d’ici là certain·exs on déjà envie de s’y mettre, c’est possible, envoyez un petit mail à latransi(at)riseup.net et on vous partagera les infos!

En début d’année prochaine, on aimerait trop beaucoup organiser une grande fête villageoise d’inauguration, avec un concert, une chorale, une exposition de photos des chantiers, la projection d’un petit film (de chantier, aussi!), une cantine, des danses, rien que ça…

Côté thunes (et oui), on a déjà remboursé les 2/3 de l’achat des matériaux, c’est vraiment supère ! Si certain·exs d’entre vous peuvent participer sur ce plan là, n’hésitez pas à demander le lien vers la page du financement participatif : latransi(at)riseup.net On est toujours à la recherche de petites subventions et soutiens pour continuer à mener nos joyeuses activités constructrices.

En espérant vous revoir vite, pendant une manif, un chantier, autour d’un verre, dans la sauna, qu’importe !

Toujours et encore, on est plus chaud·exs que Cigeo !
Bye-bye bisou ciao,
la transpi

 

Un poêle kastor plutôt que des trains Castor* !

*acronyme de Cask for storage and transport of radioactive material, Conteneur de stockage et de transport du combustible nucléaire ou de déchet radioactif.

17/10/2023

contre onkalo et cigeo des saunas plutôt
soin collectif

    Et sinon, 90 jours avant
    on écrivait ça
    sur le même sujet.

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