Communiqué du Cedra : Les Brèves de Cigéo/Bure

Article paru sur le site du Cedra le 20 février. Retrouver d’autres articles de luttes sur leur site.

 

Que s’est-il passé  récemment ? Entre actualités, annonces et bilans ? Toutes les infos autour de Cigéo et de la nucléarisation du territoire en Meuse/Haute-Marne ne peuvent pas faire l’objet d’un communiqué systématique. Il y aurait beaucoup trop à dire. Nous vous proposons donc régulièrement un récapitulatif des actualités et articles intéressants sur le sujet !

Une exposition dans le Bois-Lejuc … pourtant interdit de promenade !

La nouvelle provocation de l’Andra : des panneaux-photos sur le devenir du Bois Lejus si Cigéo se faisait, installés dans le bois, alors qu’elle menace de le détruire et qu’il est interdit à la promenade depuis qu’elle en est propriétaire (sous peine de se prendre une amende de 500 euros).

Dans la série des impensés de la relance du nucléaire

Le prix de l’uranium flambe

 

L’extraction et l’approvisionnement en uranium : jamais vous n’entendrez le gouvernement là-dessus, c’est comme les déchets atomiques, ça détonne dans le discours officiel complètement édulcoré. Le prix de l’uranium flambe et il y a deux raisons principales à cela :
–  La France (dépendante à 100% de pays étrangers) rencontre des difficultés d’approvisionnement importantes : arrêt de l’exploitation de l’usine d’Orano au Niger depuis le coup d’État, la Russie devenue un partenaire commercial embarrassant, ses satellites y compris.. Pour pallier ces difficultés, la France a annoncé un projet de nouvelle mine en Mongolie, projet déjà controversé et pas accepté par la population locale (lire l’article du 18 octobre 2023 sur Reporterre « Eau polluée, bêtes malades, les appétits du nucléaire français inquiètent les Mongols« )
– L’intérêt international pour le nucléaire depuis la COP28 où 20 pays ont appelé à tripler les capacités de l’énergie nucléaire d’ici 2050. Ce qui nous fait penser à un autre impensé (décidément… la relance du nucléaire n’intègre pas une donnée majeure) : les stocks mondiaux d’uranium ne sont pas inépuisables. Si le nucléaire triplait d’ici 2050, les réserves mondiales d’uranium économiquement exploitables seraient épuisées en quelques années (lire cette tribune du 20 décembre 2023 sur Reporterre « Pourquoi la relance du nucléaire est un mirage« )

Lire l’article du 24 janvier 2024 sur Reporterre « Le prix de l’uranium flambe« 

Le nucléaire déterrestré

 

Tout semble être dit dans le nouveau livre d’Ange Pottin « Le nucléaire imaginé – le rêve du capitalisme sans la Terre » : en occultant la dimension matérielle du nucléaire (ses déchets, ses mines, ses infrastructures lourdes et polluantes), l’industrie nucléaire diffuse une vision optimiste de l’avenir de la filière, complètement faussée. Une vision complètement hors-sol, l’on se représente seulement la fission de l’uranium dans le réacteur, indépendamment de tout ancrage terrestre, géographique et temporel. Nous allons nous empresser d’obtenir ce livre qui rappelle les impensés du nucléaire et l’image montée de toute pièce le milieu de l’atome d’une énergie « déterrestrée »
Lire l’interview de l’auteur dans Reporterre le 1er février 2024 : « Mines, déchets… l’imaginaire du nucléaire est hors-sol« 
Lire l’interview de l’auteur dans Le Monde :

 

L’emploi 

 

 

Un article du 31 janvier 2024 dans la revue Techniques de l’ingénieur « Aura-t-on assez de monde pour construire 6 EPR« ? qui pose de bonnes questions sur les « à côté » de la relance du nucléaire et dont le préambule est même critique sur la relance, mérite d’être diffusé ! Soulignons que le questionnement du journaliste se pose pour six EPR « seulement » : quand on sort des effets d’annonce et qu’on se heurte à certaines réalités..

Un autre « à côté » : ça démissionne en masse à l’IRSN

Des vagues de démission à l’IRSN en pleine relance du nucléaire, ça fait tâche (et ça rassure pas) !
La moitié du service de l’IRSN chargé de prévenir les actes de malveillance et de terrorisme dans le nucléaire civil aurait démissionné en désaccord avec les conséquences du projet de loi de fusion de l’IRSN et de l’ASN censé fluidifier la relance.

La ballade en Buristan de Jean-Luc Porquet – une série de 3 articles dans le Canard Enchaîné

(1) « Bure, le préfet veille sur la poubelle » : Chronique d’une journée typique autour de Bure ! Anecdotes, œil aiguisé, photographie du territoire : ce premier article vaut le détour.

(2) « Bure, Miroir, qui est la poubelle ? » : Jean-Luc Porquet poursuit sa visite touristique autour de Bure, et raconte ce qu’il y entend et y voit au fil de ses rencontres. Il rappelle qu’un des directeurs de l’Andra avait admis qu’il y avait une couche d’argile semblable à celle de Bure sous le siège de l’Andra à Chatenay « sauf que ça aurait fait toute l’Ile-de-France à qui expliquer Cigéo« . Cocasse, relevant à contrario qu’il y a plus de lampadaires (rutilants, payés par le nucléaire) que d’habitant-es autour de Bure.
Ce qui le marque aussi ? Ce sont les opposant-es qui participent à un maillage d’activités et projets pour faire vivre le territoire et créer un réseau vivant que l’Andra préférerait enfouir avec ses déchets : achats de maisons collectives un peu partout, bar-restaurant associatif à Mandres, bar des Trois Vallées à Tréveray, maraîchage du collectif des Semeuses à Cirfontaines, tartifoots endiablées… Les opposant-es ne font pas que lutter contre Cigéo mais habitent le territoire et sèment l’envie de s’y installer (oui parce que les lampadaires aussi flambants neufs soient-ils ne suffisent pas pour ça !).
(3) « Bure, du fond de ces pyramides… » : il termine son escapade burienne et plante l’ultime décor de son séjour autour de Bure, du laboratoire de l’Andra qui jure dans le paysage, du bâtiment EDF, d’un hôtel-restaurant dédié dans les faits au personnel de l’Andra et aux gendarmes, juste à côté d’une station essence et d’une boulangerie au parking désert. Les mots clefs de ce 3ème et dernier article ? Vertige, pyramide, sarcophage, radiochats, descenderies, puits, ventilation, hydrogène, géothermie.. on vous laisse découvrir !

A contrario, pas très exigeante la chronique « scientifique » de l’Huma !

Elle se borne à répéter les éléments de langage de l’Andra avec quelques mensonges à la clef. Les générations futures n’auraient pas à supporter le coût de Cigéo ? C’est faux. Très peu d’argent est provisionné pour le projet, son coût est largement sous-estimé et même pas actualisé à ce stade. Il ne comprend pas non plus le coût de la récupérabilité. Et quand l’argent n’est pas prévu pour, et que c’est plus cher que prévu, on sait bien comment ça se passe (cc. Stocamine). C’est « beau » (si on veut) sur le papier, mais s’il y a un pépin, les générations futures diront merci : le coût pour remonter les déchets serait exorbitant, si tant est que ce serait juste réalisable sur le plan technologique, ce qui n’est pas démontré non plus. Formidable !
 
Lire l’article du 22 janvier 2024 dans l’Humanité « Le droit des générations futures »

Journée des métiers du nucléaire ou chantage à l’emploi ?

Nous avions réagi par ce communiqué de la Coordination Stop Cigéo à la journée des métiers du nucléaire organisée par l’Andra et EDF au laboratoire de Bure pour les collégien-nes et demandeurs-euses d’emploi.

Ce chantage à l’emploi dans les départements concernés par Cigéo est scandaleux. Alors que les alternatives existent : orienter les jeunes vers des métiers pour sortir du nucléaire, sans risque pour leur santé et qui n’exposent pas à une catastrophe. D’après l’Ademe, près d’un million d’emplois pourraient être créés d’ici 2050 dans le secteur de la transition écologique (lire ce rapport d’un collectif d’associations et de syndicats sur le site de Greenpeace). Exemples : les cas de la production d’énergie (installation et maintenance de mâts d’éoliennes, de panneaux solaires…), de la rénovation et de l’isolation des logements, de l’agriculture écologique ou encore des transports et de la mobilité. Un atout fort de ces emplois étant qu’ils ne sont pas délocalisables.
Si d’aventure le milieu du nucléaire vous attirait tout de même, nous ne saurions que trop vous conseiller la lecture de cette lettre de motivation pour un poste de soudeur dans le nucléaire, qui ne manque pas de piquant 😉

La Confédération Paysanne réunie près de Bure lors des mobilisations

La Confédération Paysanne du Grand-Est se rassemblait à Cirfontaines pour faire connaître ses positions et ses revendications. La rencontre avait lieu sur la ferme de Jean-Pierre Simon, agriculteur que l’on ne présente plus pour son combat contre Cigéo.
Ce rassemblement devait se prolonger par des échanges avec la lutte de Bure autour des problématiques agricoles, énergétiques et foncières mais le contexte en a décidé autrement. Le secrétariat national de la Confédération Paysanne reviendra prochainement et nous aurons grand plaisir à discuter, la Confédération paysanne et ses antennes départementales étant des alliées de poids dans la lutte.
 

Les clowneries des pro-nuke

Le 16 janvier dernier, Xavier Huillard, PDG de Vinci jugeait urgent de construire … 20 EPR ! On dirait que M. Huillard oublie une chose : URGENCE et construction d’EPR ne vont pas très bien ensemble (que l’on se base sur le fiasco de Flamanville ou sur les retards prévus avant même que ne soient construits les « nouveaux EPR »).
Le même jour, l’Observatoire du nucléaire répondait à la succession d’âneries sur le nucléaire de Fabien Bouglé, entendues sur les plateaux TV devant des journalistes bouche-bée. Un décryptage bienvenu devant ce condensé effrayant de désinformation (à retrouver ici) :
Et de un, NON, il n’existe pas de réacteurs « mangeurs de déchets nucléaires » et les affreux écolos ne sont pas non plus responsables des échecs de l’industrie nucléaire qui se débrouille bien toute seule pour faire capoter ses projets démesurés et aux coûts pharaoniques (cc. Superphenix, cc. Astrid !)
Et de deux, NON décidément l’industrie nucléaire ne peut imputer son échec global à personne, elle a son lot de casseroles dont elle est directement responsable : désastre industriel et financier des EPR, scandale colossal des pièces défectueuses du Creusot, affaire de la corrosion sous contrainte qui a mis la moitié du parc à l’arrêt…
Et de trois, NON, la France n’est pas devenue importatrice d’électricité d’Allemagne depuis la fermeture de Fessenheim. Il y a toujours eu des échanges dans les deux sens, et la France est particulièrement importatrice lors d’hivers rudes à cause de l’absurdité énergétique du chauffage électrique.. ETC !

 

Trois rendez-vous locaux à l’agenda !

16 mars 2024 : le festival Energik des Habitants Vigilants à Gondrecourt près de Bure, organisé pour les 15 ans de l’association  ! Toutes les infos à retrouver sur le blog : https://festival-energik.over-blog.com/2023/11/presentation-du-festival.html
17/23 avril 2024 : les Rencontres printanières et anti-autoritaires près de Bure ! Infos par ici  : https://bureburebure.info/events/event/rencontres-printanieres-anti-autoritaires-contre-le-nucleaire-les-17-23-avril-2024-a-bure-55/
16/18 août 2024 : Les Bure’lesques, édition 2024 ! Infos bientôt à retrouver par ici : https://burefestival.org/

20/02/2024

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