La veille, le 11 octobre, nous avions la visite de deux journalistes de La Vie (hebdomadaire chrétien et humaniste, qui traite de l’actualité, appartenant au groupe Le Monde).
Ils étaient allés visiter le « labo » le matin mais l’un d’eux était frustré de ne pas avoir été dans le Bois Lejus qu’il avait connu lorsqu’il était encore habité et protégé par de « chouettes-hiboux » en barricades et cabanes.
Comme nous y étions allé ⋅ es il y a peu avec les députés du Front Parlementaire Contre Cigéo (lien Youtube), que nous n’y avions pas vu même l’ombre d’un gendarme, contrairement à l’usage depuis 2018, et que de surcroît, nous y avions été accueilli ⋅ es par le directeur de l’Andra locale, Patrice Torres lui-même, nous avons proposé d’y accompagner ces deux journalistes pour parfaire leur visite. En effet, nous avons supposé qu’après cet échange de courtoisies avec M. Torres le VRP qui avait alors prétendu que nous étions ses invité ⋅ es, que nous le restions sans date de péremption.
C’était nous fourvoyer. Laissez-nous vous compter notre nouvelle petite aventure dans cette forêt (qui est et restera à quiiiiiii ?!*) :
En ce matin du 12 octobre, après un coucou à la caméra installée à l’entrée du Bois Lejus au niveau de la barrière forestière (qui a la galanterie de n’empêcher que les véhicules de passer mais permet l’entrée aisée de tout cueuill’heureuses de champignons), nous avons commencé à présenter les lieux à l’aide de cartes du dossier DUP de l’Andra.
Ces cartes expliquent, avec sérieux, comment l’Andra compte dépecer cette forêt par 3 phases successives pour y installer sa zone de puits radioactifs, de grandes cheminées tout aussi radioactives de plusieurs dizaines de mètres de haut et ses montagnes de verses sortant des tréfonds de la terre, tout ça au bord du petit ruisseau de l’Ormançon qui, comme tous les petits ruisseaux, finit par devenir gros de Marne en Seine pour se payer la capitale, l’air de rien comme ça en partant
de Meuse.
Les journalistes ont pu comparer ces cartes avec la nôtre et constater que notre vision du Bois Lejus est bien plus vivante, poétique et climatophile que celle de l’Andra et sa poubelle atomique :
Comme le 16 septembre avec les députés (lien reporterre.net), nous nous apprêtions donc à aller jusqu’au Grand Chêne (toujours aussi majestueux) : le photographe l’avait vu habité, il voulait le revoir et se demander s’il y avait des vestiges de sa somptueuse cabane détruite en 2018 par les forces de « l’ordre ».
Mais, c’était sans compter sur l’arrivée de la nouvelle équipe bleue : en effet, c’était jour de relève et de repérage pour ces GM jetables mensuellement. Voilà que notre petite virée leur offrait un bel exercice ! 3 gendarmes, puis 3 autres, puis 11 en tout finalement pour 2 journalistes et 3 opposant ⋅ es à Cigéo, cueilleur’heuses de champignons. En ces temps de crise, nous estimons que notre valeur sur le marché de la répression reste donc élevée vu le rapport de plus de 2 gendarmes pour 1.
Comme nous nous y attendions, ces bleu ⋅ es n’avaient pas bien préparé leurs devoirs et n’avaient aucun document à nous présenter pour justifier l’interdiction de pénétrer dans un bois où il ne se passe « rien de plus » qu’une biodiversité foisonnante et magnifique de vie : une décision judiciaire employant un arsenal policier pour protéger un projet qui n’existe pas et qui ne verra le jour que dans les fantasmes de l’Andra.
Auparavant, nous avions pris soins de chercher nous-mêmes à trouver cet avertissement affiché : en vain, pas d’alerte ni à l’entrée du Bois, ni en mairie de Mandres-en-Barrois, ni même en mairie de Bure.
Nous leur avons donc expliqué que, conforté ⋅ es par l’invitation de M. Torres en personne, nous pensions que la fameuse ordonnance d’interdiction d’entrée dans le bois Lejus n’avait enfin plus cours.
Nous leur avons fait part aussi de notre fort étonnement de ne pas avoir eu leur visite de la même manière quand des députés nous accompagnaient mais, rien à faire, ces militaires voulaient faire respecter la « loi » dictée par l’Andra.
Nous avons donc exigé que nous soit produite cette ordonnance comme l’exige la « loi », sans quoi nous ne sortirions pas car, en cette saison, il faut tout de même une raison de poids pour ne pas aller chercher des champignons au pied du Grand Chêne ou du Loirier. Sous un rayon de soleil automnal, après de longues minutes pendant lesquelles nous avons continué à hautes-voix notre cours sur Cigéo – écouté attentivement aussi bien par les journalistes que les jeunes gendarmes surarmés autour de nous – l’un d’eux est venu vers nous en brandissant très fièrement son téléphone : un de ses camarades l’avait aidé à rattraper sa leçon et lui avait envoyé l’ordonnance qu’il avait téléchargée.
Certes, mais c’était mal nous connaître et surtout mal l’avoir lue… En effet, il faut lire jusqu’à la dernière ligne du juge lorsqu’on est un bon élève : « Rappelons que la copie de la requête et de l’ordonnance doit être laissée à la personne à laquelle elle est opposée ».
Nous avons donc demandé à ce que cela nous soit remis en version papier et en main propre. Nous avons été indulgent ⋅ es pour cette fois-ci car il nous a bien amené l’ordonnance mais pas la requête. La prochaine fois, nous exigerons la requête également en bonne et due forme sous peine de 500 pas de plus dans le Bois Lejus.
Une fois que nous étions revenu ⋅ es à l’entrée repassant la barrière forestière, voilà qu’un OPJ local entreprenait de prendre nos identités, y compris celle des journalistes, nous annonçant que l’huissier nous notifierait la fameuse amende de 500€ par heure de présence débuté dans le Bois Lejus. Nous lui avons demandé de noter dans un PV que rien ne prévenait nul part de cette interdiction à l’arrivée dans ce bois. Il a refusé.
Alors nous attendons de pieds fermes cet huissier que l’Andra devra décider de nous envoyer. Nous sommes impatient ⋅ es de voir quelle pirouette communicationnelle va-t-elle inventer pour ne pas écorner son image si cool, fun et green pour le territoire en annonçant qu’elle demande 5 amendes de 500€ pour 5 personnes armées de bottes en caoutchouc, d’un appareil photo et d’un calepin pour nourrir un article dans un journal humaniste et chrétien.
Suite au prochain épisode…
En attendant, pour prolonger le récit, on vous laisse découvrir, avec délectation, la perception judiciaire, quelque peu fantasmée, des évènements liés à Bure pour justifier la coûteuse disproportion de cette interdiction :
Ordonnance Bois Lejus – 16/09/2022 (cliquez pour télécharger)
* expressions qui viendront justifier le renouvellement de l’ordonnance mi-mars 2023 puisqu’il est bien entendu qu’elles signifient : ordonnance ou pas, DAC ou pas, nous ne laisserons jamais vos engins raser tranquillement cette forêt. Parole de chouettes-hiboux de Bure et d’ailleurs 😉
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