[Loïc] Lettre de ses ami·es lue devant la prison de Vivonne

Vendredi et samedi derniers avait lieu une mobilisation des collectifs contre les bassines en Haute Vienne. Cette descente du Clain en canoë a commencé par un rassemblement, vendredi matin, devant la prison de Poitiers-Vivonne, en solidarité avec les deux militants, dont Loïc, qui y sont actuellement incarcérés. C’est à cette occasion que cette lettre a pu être lue.

 

« Merci à toustes d’être présent·es ce matin en solidarité avec Loïc et Cédric, tous deux incarcérés depuis 8 jours en raison de leur engagement contre les méga-bassines et la privatisation du monde.

Nous aurions aimé être à vos côtés pour crier avec vous notre colère et notre détermination, pour crier si fort que nos hurlements surpassent les murs et les barbelés, qu’ils atteignent notre ami dans sa cellule et lui disent combien il nous manque, combien il nous tarde de le serrer à nouveau dans nos bras.

Nous vous écrivons depuis la Meuse où nous continuons à travailler la terre, à cultiver des légumes, à lutter contre le nucléaire et son monde de merde, à inventer un futur désirable, et ce à quelques encablures du projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs. Vous affirmer que la lutte de Bure est solidaire avec celle des Bassines nous semble absurde. Nous ne sommes pas solidaires : nous sommes une même lutte, un même mouvement. Celui qui partout se lève contre celles et ceux qui assèchent la terre, pourrissent les sols, détruisent la biodiversité, s’approprient les ressources. Contre celles et ceux qui jugent, qui enferment et qui assassinent. Ce n’est pas une simple formule. L’État qui tue aujourd’hui Nahel à bout portant pour un contrôle routier est le même qui a plongé Serge et Mickaël dans le coma après la manifestation de Sainte-Soline. C’est le même qui construit des lignes de train inutiles, relance le nucléaire, laisse proliférer les pesticides, ferme ses frontières, construit de nouvelles taules et lèche les bottes de la FNSEA.

*

Hier, jeudi 29 juin, le juge a décidé de maintenir notre ami Loïc derrière les barreaux jusqu’à son procès prévu le 27 juillet prochain. Nous ne sommes pas surpris·es. Cela fait déjà longtemps que nous n’attendons rien de leurs institutions. Voilà une chose dont nous voudrions qu’elle soit entendue : l’État nous attaque parce que nous l’attaquons. Loïc n’est pas la victime d’un acharnement ou d’un harcèlement incompréhensibles, sortis de nulle part. Loïc est un militant, un activiste inlassable qui, malgré la répression, la prison, la surveillance et les violences qu’il subit depuis des années, poursuit sans relâche ses combats parce qu’il sait qu’ils sont justes et qu’ils sont la seule voie pour nous sortir de l’impasse où nous nous trouvons collectivement. S’il se trouve aujourd’hui derrière les barreaux c’est parce que depuis des années il est partout où l’on se bat pour un monde vivable, de Sivens à Notre-Dame des Landes, de Hambourg à Sainte-Soline, des manifestations contre la réforme des retraites aux occupations de terres à Nancy pour multiplier les jardins pirates.

Autre chose : l’innocence ou la culpabilité de Loïc ne nous intéresse pas. Ce n’est pas notre affaire. Notre solidarité inconditionnelle va à toutes les personnes détenues, à celles perquisitionnées ces dernières semaines par les sbires de l’antiterrorisme, et aujourd’hui, en particulier, aux proches de Nahel, aux habitant·es de la cité Pablo Picasso de Nanterre et plus largement à celles et ceux des quartiers dit populaires qui subissent depuis bien plus longtemps que nous la terreur policière et la violence de la justice de classe.

*

C’est un exercice difficile que de prendre publiquement la parole à la place des personnes incarcérées qui s’en trouvent privées. C’est pourquoi, pour finir, nous voudrions citer Cédric et Loïc.

Le premier a été condamné la semaine dernière à 10 mois de prison ferme pour avoir lancé des pierres en direction de la police le 25 mars à Sainte Soline. Au juge de Niort qui lui demandé, ironique, s’il avait lui-même reçu des pierres ce jour là, Cédric a répondu : « Non moi j’ai reçu des grenades ».

Quant à Loïc, réveillé par 30 flics cagoulés recherchant activement tel ou tel vêtement, il leur a rétorqué : « Vous feriez mieux de chercher qui a tiré sur Serge ».

Qu’on ne vienne pas nous parler de justice tant qu’il y aura des commissariats, des tribunaux et des prisons. Liberté pour tous et toutes ! »

Des ami⋅es, des camarades et des proches de Loïc.

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