Petite histoire du dépôt, ou pourquoi nous y sommes allé·e·s

Samedi 21 août, quatre cortèges [photos ici et ici] ont fait route séparemment pour se retrouver devant le « dépôt » de l’Andra, à Gondrecourt-le-Château. Ce bâtiment a été attaqué de plusieurs côtés, ses grilles sont tombées et chacun.e a pu alors exprimer à sa manière propre et créativé ce que lui évoque la présence de l’agence et de son projet Cigéo dans cette région.

Le texte suivant a été lu ou distribué sous forme de tract au sein des divers cortèges. Il explique l’histoire de ce dépôt et pourquoi nous l’avons pris pour cible.

PETITE HISTOIRE DU « DÉPOT »
OU POURQUOI NOUS SOMMES LÀ

Le dépôt, comme on l’appelle, est en fait une ancienne usine de meubles. Meuse Omni Style était, au milieu des années 90, une entreprise florissante, basée ici à Gondrecourt-le-Château. C’était le plus gros employeur du canton avec plus de 1000 personnes qui travaillaient sur ce site.

Ensuite, les scieries ont commencé à fermer et avec elles presque toutes les menuiseries qui existaient dans la région. Ces petites entreprises n’étaient plus compétitives sur un marché mondialisé et elles ont peu à peu coulé. Meuse Omni Style a fait plusieurs plans sociaux au début des années 2000 avant d’être rachetée par un groupe industriel qui l’a conduite à la liquidation judiciaire en 2011. Des centaines de personnes ont perdu leur boulot sans perspective d’en retrouver un localement.

Dès 2013, l’ANDRA s’est jetée sur ce lot inespéré, qu’elle a dès lors qualifié de « friche industrielle, insalubre et désaffectée ». L’ANDRA a acheté ça pour une bouchée de pain, expliquant qu’elle manquait de place sur son site du laboratoire de Bure-Saudron afin de stocker des machines et des « carottes », échantillons issus des forages géologiques. Elle a ensuite demandé et obtenu des permis de démolition pour la plupart des bâtiments, ne conservant que deux ou trois hangars et un petit château d’eau.

On s’en doute, ce n’est pas pour ranger ses machines que l’Andra avait besoin de cette usine qu’elle appelle désormais sa future « PLATEFORME MULTIMODALE ». C’est en réalité une prise capitale pour elle car située au bord de l’ancienne voie ferrée qu’elle entend remettre en fonction pour convoyer les matériaux du chantier titanesque de Cigéo et, à terme, les déchets radioactifs qui y seraient enfouis. Précisément, l’ancienne usine se trouve à la fin de la portion de voie qui sera rénovée par la SNCF et au début de la voie privée qui n’appartiendra qu’à l’ANDRA et qui ira sur une quinzaine de kilomètres, de Gondrecourt jusqu’à Bure en passant notamment par le terrain de l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois, là où se déroule ces jours-ci le camp des Rayonnantes.

Pour l’instant, l’ANDRA ne stocke ici que quelques machines et les anciens murs avec lesquels l’agence avait cru, en 2016, empêcher l’accès au bois Lejuc. Bientôt, si son plan abouti, si le projet Cigéo est reconnu d’utilité publique, s’il obtient ensuite son autorisation de création, il y aura ici une plateforme ferroviaire. À quelques centaines de mètres des habitations, passeront, chaque jour et pour au moins une siècle, des trains de marchandises convoyant matériaux et gravats puis, des convois de déchets hautement radioactifs.

Pour nous, c’est donc un enjeu symbolique et stratégique que de se retrouver ici aujourd’hui. Ce lieu porte à la fois la mémoire d’une histoire passée – industrielle et sociale, celle des savoir-faire ouvriers et artisans, de la filière bois qui a permis à beaucoup de gens de rester vivre là quand l’agriculture intensive vidait les campagnes – et la marque d’un projet mortifère qui s’accommode parfaitement de la désertification de cette région.

Ici, on peut percevoir la Meuse dont rêve l’Andra : un territoire dépeuplé, une « plateforme » de béton où des trains circuleront sous le contrôle de compteurs Geiger jusqu’à une descenderie où des robots se chargeront de déplacer les fûts contaminés. Et tout ça sous l’œil des flics, qui ne sont jamais loin quand on parle de nucléaire : à deux cent mètres d’ici, une caserne de gendarmerie est en train d’être construite. Elle sera accompagnée de dix pavillons pour loger les bleus et leurs familles. Elle leur permettra surtout de garder en permanence un œil sur le futur chantier de la voie ferrée et sur celles et ceux qui s’y opposeront.

Il y a vingt ans, des opposant.e.s renversaient les grilles des premières plateformes de l’Andra, à Bure. Aujourd’hui, le labo est devenu une forteresse imprenable. Il ne fait aucun doute qu’il en adviendra de même de l’endroit où nous sommes aujourd’hui, du bois Lejuc, et de toutes les terres que ce projet engloutira. C’est maintenant qu’il nous faut agir, tant que nous avons encore des prises !

ANDRA DÉGAGE
RÉSISTANCE ET SABOTAGES !

02/09/2021

ANDRA
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